Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/168

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qu’elle se trouva absolument isolée. Les ballons et les pigeons voyageurs devinrent le seul mode de communication entre cette grande ville et le reste du monde. Les Parisiens se décidèrent à une résistance opiniâtre. Les quinze forts de Paris, bien armés, furent confiés à la marine. Les remparts se garnirent de canons, et la garde nationale fit avec zèle son service. Paris renfermait des éléments sérieux sur lesquels on pouvait compter pour la défense : 60 000 soldats, 100 000 mobiles et la partie la plus active et la plus jeune de la garde nationale, avec laquelle on forma des régiments de marche. On fondit des canons, on prépara des munitions, et sans hésitation, sans murmure, la population tout entière se disposa à tous les sacrifices et à une lutte acharnée.

Les Allemands ne paraissaient pas se soucier d’attaquer la capitale de vive force. Ils comptaient sur le terrible auxiliaire qui leur avait livré Metz : la faim ! Paris, étroitement bloqué, ne pouvait se ravitailler. Il leur suffisait donc, pour le prendre, de maintenir cet état de choses pendant le temps nécessaire pour l’affamer. Il fallut aller les chercher.

Quand le général Trochu crut avoir suffisamment réorganisé l’armée de Paris, il résolut de tenter une sortie, et, bien que la direction de l’ouest lui parût la plus favorable pour percer les lignes d’investissement, ravitailler Paris et entreprendre des opérations ultérieures s’il parvenait à sortir, il se décida à livrer bataille au sud, dans le dessein de combiner ses mouvements avec ceux de l’armée de la Loire.

Le 1er décembre, 60 000 hommes, conduits par le général Ducrot, s’avancèrent dans la direction de Joinville-le-Pont, d’abord sous le canon des forts, ensuite sous la protection, de puissantes batteries établies