sauve ce qui lui reste de ses braves francs-tireurs en se retirant sur Nogent-le-Rotrou.
Les Prussiens étaient maîtres de la ville. Effrayés de ces symptômes d’une guerre nationale, irrités de leurs pertes, ils se vengèrent en barbares et semèrent dans la malheureuse petite ville, coupable de patriotisme et d’énergie, le pillage, l’incendie et la mort.
Les Allemands allument le feu de différents côtés ; ils y versent à flots le pétrole. Favorisé par un vent violent, l’incendie se propage. Les femmes, les enfants sont écrasés par la chute des murs, atteints par les flammes. Qu’importe ! Les Allemands tiennent leur vengeance et ils la savourent. Il est défendu de combattre le feu, et les habitants, contenus par les baïonnettes, doivent assister, immobiles et silencieux, à leur ruine.
235 maisons, dans lesquelles on retrouva douze cadavres carbonisés, brûlèrent. Dans onze endroits seulement l’incendie avait été allumé par des obus.
En voyant arriver les vainqueurs, un pauvre homme de la rue du Bel-Air essaye de fermer sa porte ; ils l’obligent à mettre lui-même le feu à sa maison. Une vieille femme veillait auprès de son mari paralysé ; les Allemands, à coups de crosse, la forcent à s’éloigner et mettent eux-mêmes le feu au lit du malade, qui est brûlé vif et expire dans d’affreuses tortures. Révolté de ces infamies, un vieux soldat, le capitaine Michaud, qui avait fait les guerres du premier Empire, apostrophe ces barbares. « J’ai fait la guerre autrefois, leur dit-il, mais j’aurais rougi de me conduire comme vous. » Ils le tuent à coups de revolver et jettent son cadavre dans les flammes. Les officiers dînent à l’hôtel du Grand-Monarque. À la fin du repas, l’hôtesse leur demande de vouloir bien protéger sa maison contre les fureurs de leurs soldats. Ils répondent en mettant