Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/177

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le feu à la salle à manger. La malheureuse femme s’efforce de l’éteindre. « C’est bien inutile, lui disent-ils en riant, nous l’avons fait mettre aux étages supérieurs. »

Le lendemain au matin, le général exige une énorme contribution de guerre dont on lui verse immédiatement le quart, et il s’éloigne, satisfait sans doute de son noble exploit, tandis que ses victimes s’efforcent d’éteindre l’incendie qui durait encore et couvrent son nom d’exécrations.

Les Bavarois retournèrent à Orléans et prirent part aux nombreux combats qui se livrèrent plus tard autour de cette ville. Les incendiaires de Bazeilles et de Châteaudun furent décimés dans cette lutte, et des 30 000 hommes que le général Von der Tann commandait au début de la guerre, 5000 seulement purent rentrer dans leurs foyers pour y dépeindre « le magnifique spectacle que présente une ville en flammes » et y raconter les atrocités qu’ils avaient commises !

Ajoutons, pour être justes, que toutes les armées allemandes ne se conduisirent pas avec cette barbarie. Les Bavarois se distinguèrent entre tous par leur inhumanité.

Et cependant, s’il nous fallait rappeler ici tous les forfaits accomplis, même par les armées qui furent relativement modérées dans leurs violences, l’énumération serait bien longue. Malgré la présence du roi de Prusse et de l’état-major général à Versailles, la ville de Saint-Cloud fut presque entièrement brûlée au pétrole, avec la méthode calme et réfléchie que les Allemands savaient mettre à leurs barbaries. L’incendie dura du 20 janvier au 3 février. L’armistice fut signé le 28 janvier, et les négociations