Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/180

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qui avait réussi à faire entrer à temps son bâtiment dans les eaux belges. Son vocabulaire, pourtant très riche, ne lui suffisait pas pour couvrir d’injures les Français qui le ruinaient.

Au commencement de novembre, l’armée qui s’organisait en Sologne avec quelques régiments venus d’Afrique, des marins, des mobiles et des bataillons de dépôts, se trouva prête à tenir la campagne et commença son mouvement en avant sous le commandement du général d’Aurelle de Paladines. Elle passa la Loire à Beaugency, tourna Orléans, que le général Von der Tann fut obligé d’évacuer, et livra, le 9 novembre, une bataille des plus honorables pour nous. Le village de Baccon fut emporté avec entrain, et, vers 4 heures du soir, une charge à la baïonnette, conduite par le général Barry, nous donna celui de Coulmiers. Les Bavarois reculèrent en désordre. Malheureusement l’aile gauche n’opéra pas le mouvement qui lui avait été prescrit et laissa libres les routes de Chartres et de Paris. L’ennemi put battre en retraite sans être trop inquiété. Il perdait 5000 hommes, dont 2000 prisonniers. On lui enleva en outre un convoi et deux canons.

C’était une victoire, mais on ne sut pas en profiter. On n’osa pas prendre l’offensive avec des troupes jeunes et inexpérimentées. On recula sur Orléans, dont on couvrit les approches par des retranchements et des batteries, et l’on attendit. Dans d’autres circonstances on pourrait approuver cette réserve, mais dans l’état où étaient nos affaires on est porté à la blâmer.

En effet, Metz venait de capituler. Dans quelques jours le prince Frédéric-Charles allait arriver avec 100 000 hommes de troupes aguerries. Il fanait agir