Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/192

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souffrances. Les Suisses firent un accueil admirable à nos pauvres compatriotes ; leur hospitalité sut faire face aux immenses besoins de cette armée et ils l’accueillirent avec une compassion et des soins qui ont laissé dans tous les cœurs français de profonds, d’impérissables souvenirs.

Paris, à bout de vivres, allait bientôt se rendre. Le pain n’était plus qu’un mélange sans nom de substances diverses où manquait totalement la farine de blé. La mortalité devenait effrayante. Le chiffre des décès s’éleva progressivement jusqu’à 4671 dans la dernière semaine de janvier ; il est d’un millier environ en temps ordinaire. Du 18 septembre 1870 au 24 février 1871, Paris perdit 63 725 habitants. Dans la période correspondante de l’année précédente le chiffre des décès n’avait été que de 21 883. Cependant la population demandait à combattre avant de capituler. Pour « donner une satisfaction à l’opinion publique », le général Trochu prépara une sortie dans la direction de Versailles.

Le 18 janvier, le roi de Prusse s’y était fait proclamer empereur d’Allemagne dans l’ancien palais témoin des splendeurs et des gloires de la royauté française. Le 19, l’armée d’opération, composée de 85 000 hommes, se porta en avant.

La nuit avait été pluvieuse. Les chemins étaient détrempés les mouvements difficiles. L’attaque, qui devait commencer de grand matin, fut retardée de deux heures.

À dix heures seulement, la gauche, sous les ordres du général Vinoy, enleva la redoute de Montretout et s’y maintint ; mais elle ne put pousser plus loin son succès ; le général Ducrot, qui commandait la droite, et qui devait attaquer le château de Buzenval et le