Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/23

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« Il est vrai, dit-il, que le maréchal Prim a offert au prince Léopold de Hohenzollern la couronne d’Espagne et que ce dernier l’a acceptée ; mais le peuple espagnol ne s’est point encore prononcé, et nous ne connaissons point encore les détails vrais d’une négociation qui nous a été cachée. Aussi une discussion ne saurait-elle aboutir maintenant à aucun résultat pratique. Nous vous prions, messieurs, de l’ajourner.

« Nous n’avons pas cessé de témoigner nos sympathies à la nation espagnole et d’éviter tout ce qui aurait pu avoir l’air d’une immixtion quelconque dans les affaires intérieures d’une noble et grande nation en plein exercice de sa souveraineté ; nous ne sommes pas sortis, à l’égard des divers prétendants au trône, de la plus stricte neutralité, et nous n’avons jamais témoigné pour aucun d’eux ni préférence ni éloignement. » Et il ajouta, aux applaudissements à peu près unanimes de l’assemblée :

« Nous persisterons dans cette conduite, mais nous croyons pas que le respect des droits d’un peuple voisin nous oblige à souffrir qu’une puissance étrangère, en plaçant un de ses princes sur le trône de Charles Quint, puisse déranger à notre détriment l’équilibre actuel des forces en Europe et mettre en péril les intérêts et l’honneur de la France.

« Cet éventualité, nous en avons le ferme espoir, ne se réalisera pas.

« Pour l’empêcher, nous comptons à la fois sur la sagesse du peuple allemand et sur l’amitié du peuple espagnol.

« S’il en était autrement, forts de votre appui et de celui de la nation, nous saurions remplir notre devoir sans faiblesse. ».

Dans cette déclaration le public vit la guerre. Rien