Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/24

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cependant n’était encore décidé. Le cabinet, dont les membres différaient d’opinion, était loin d’être fixé. Tandis que le maréchal Lebœuf considérait la guerre comme inévitable, M. Émile Ollivier désirait la paix et la croyait encore possible. Après la déclaration de M. de Gramont, il télégraphia à l’Empereur :

« La déclaration a été reçue à la Chambre avec émotion et immense applaudissement. La gauche elle-même, à l’exception d’un très petit nombre, a déclaré qu’elle soutiendrait le gouvernement. Le mouvement, au premier moment, a même dépassé le but. On eût dit que c’était une déclaration de guerre. J’ai profité d’une interpellation de Crémieux pour rétablir la situation. Je n’ai pas accepté qu’on nous représentât comme préméditant la guerre. Nous ne voulons que la paix avec honneur. Dans le public, l’émotion aussi est grande, mais cette émotion est noble, patriotique. Il y a du cœur dans ce peuple. »

Dans le désir de terminer le différend par une voie pacifique, M. de Gramont fit demander au prince Léopold, par l’intermédiaire de lord Lyons, ambassadeur d’Angleterre à Paris, une renonciation volontaire. La négociation réussit. Le 12 juillet, le ministre des affaires étrangères recevait une dépêche qui lui était remise par M. Olozaga, ambassadeur d’Espagne à Paris, lui annonçant le désistement que le prince Antoine, père du prétendant, faisait au nom de son fils, et, le 13, il faisait connaître aux Chambres cette renonciation.

Pendant un instant l’incident parut vidé et la paix assurée. Par malheur, en 1869, la candidature du prince de Hohenzollern avait déjà été posée, et M. de Thiele, ministre des affaires étrangères de Prusse, sur les observations de notre ambassadeur, avait pris