Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/26

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d’ailleurs préparée. Depuis Sadowa la guerre était prévue, elle paraissait inévitable, et dans notre légèreté, peu au courant des questions militaires, confiants dans notre glorieux passé, nous nous croyions en mesure de soutenir la lutte.

M. de Bismarck, qui cherchait la guerre, eut l’habileté de se la faire déclarer et de nous mettre dans notre tort aux yeux de l’Europe. Résolu à brusquer les choses et à forcer la main du roi afin de mettre un terme à ses hésitations, il obligea, le 13 juillet au soir, la Gazette de l’Allemagne du Nord, journal officieux, à publier un supplément extraordinaire, dans lequel on lisait que M. de Benedetti, l’ambassadeur de France auprès de la cour de Prusse, avait essayé d’aborder le roi à la promenade à Ems et avait été durement congédié par lui.

Comment qualifier de pareilles inventions ? M. Benedetti n’avait pas été insulté par le roi, mais ces calomnies atteignirent le but de M. de Bismarck. Français et Prussiens s’irritèrent ; à Paris les partisans de la guerre eurent beau jeu pour persuader à la nation indignée que l’honneur national était compromis. Le 15 juillet, M. le duc de Gramont devant le Sénat, M. Émile Ollivier devant le Corps législatif, rendirent compte dans la note suivante de l’état de la question et des efforts tentés auprès des puissances pour obtenir leurs bons offices :

« La manière dont vous avez accueilli notre déclaration du 6 juillet nous ayant donné la certitude que vous approuviez notre politique et que nous pouvions compter sur votre appui, nous avons aussitôt commencé des négociations avec les puissances étrangères pour obtenir leurs bons offices ; avec la Prusse pour qu’elle reconnût la légitimité de nos griefs.