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Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/30

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et à l’ouverture de registres d’engagements volontaires pour la durée de la guerre.

Au Corps législatif un groupe d’hommes de la gauche essaya vainement de résister à l’entraînement général. Durant deux heures M. Thiers lutta contre presque toute la Chambre « avec le sentiment qu’il représentait non les emportements du pays, mais ses intérêts réfléchis ». Quand on relit aujourd’hui, de sang-froid, les débats de cette orageuse séance, c’est avec un mélange d’étonnement et d’admiration qu’on voit ce qu’il fallut à ce vieillard d’énergie, de courage et de ténacité pour se faire entendre.

Au milieu d’interruptions violentes, traité d’ami de la Prusse, il exposa que, sur le fond, c’est-à-dire sur la candidature du prince de Hohenzollern, la réclamation de la France avait été écoutée et qu’on rompait sur une simple question de susceptibilité. « Comment ! s’écria-t-il, devant le monde entier le roi de Prusse retire ou laisse retirer la candidature du prince de Hohenzollern, et ce n’est pas une concession ! Osez-vous le soutenir ? ».

Tel était déjà l’état des esprits que sa voix ne fut pas écoutée.

Dans cette séance et dans celle de nuit qui la suivit MM. Jules Favre, Gambetta, Glais-Bizoin, Arago et quelques autres prirent la parole pour le maintien de la paix. M. Buffet demanda communication de la dépêche dont le ministre avait parlé dans la note ; 83 voix seulement appuyèrent sa réclamation. M. Gambetta demanda que le ministre répondît à ces deux questions : « 1° La note de M. de Bismarck a-t-elle été communiquée à tous les cabinets européens, ou seulement aux gouvernements de l’Allemagne du Sud ? 2° Est-elle conçue en des termes qui rendent la