Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/38

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La population parisienne, si facile à impressionner, voyait déjà l’armée française à Berlin et la route qu’elle avait suivie jonchée de cadavres allemands.

La désillusion ne tarda pas.

À partir de ce moment, en effet, les Prussiens allaient prendre l’initiative et la garder pendant toute la durée de la campagne.

Le 3 août, le général Abel Douay, placé en avant-garde avec sa division, forte de 5500 hommes, sur la Lauter, près de Wissembourg, fut averti de l’approche de troupes ennemies qui paraissaient fort nombreuses. Il informa le quartier général de sa situation. On lui répondit en lui envoyant l’ordre de tenir. Il établit alors une partie de ses forces dans Wissembourg, déclassée comme place forte, mais dont l’enceinte subsistait encore, et il occupa avec 4000 hommes la forte position du Geisberg.

L’armée qu’on avait signalée au général Douay était celle que commandait le prince royal de Prusse. Elle était à ce moment forte de 80 000 hommes.

Le 4, dès le point du jour, une compagnie fut envoyée en reconnaissance, au nord de Wissembourg, sur la route de Landau ; elle revint sans avoir rien vu, sans avoir rien observé de suspect.

Ce premier engagement, comme presque toutes les batailles de cette malheureuse guerre, commença par une surprise. Nos généraux paraissaient avoir oublié la maxime de Condé, celle de tous les grands hommes de guerre, « qu’un habile capitaine peut bien être vaincu, mais qu’il ne lui est pas permis d’être surpris [1] ». À 8 heures, les soldats préparaient le café, quand le canon bavarois retentit sur la route de

  1. Bossuet, Oraison funèbre de Condé.