Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/40

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royal, dont l’armée était alors au complet, avait 120 000 hommes sous la main et 60 000 autres à sa portée.

Dans de pareilles conditions le maréchal aurait dû, s’il était prévenu, reculer et se retirer dans les défilés des Vosges pour en défendre le passage. Étant donnée la configuration des lieux, cette tâche était facile, surtout avec des troupes d’élite, comme celles dont il disposait. Faute, sans doute, de renseignements suffisants, il se décida au combat.

La position de son armée était d’ailleurs, il faut le reconnaître, bien choisie pour la défensive. Elle s’étendait de Morsbronn à Langensulzbach, sur une série de hauteurs abruptes, coupées de haies, de bois, de ravins, que le maréchal fit encore fortifier par quelques travaux de terrassement.

Comprenant enfin le danger de l’éparpillement des troupes devant un ennemi qui n’agissait que par grandes masses, l’Empereur donna aux généraux de Failly et Félix Douay l’ordre de rejoindre Mac-Mahon. Cet ordre ne parvint pas ou ne fut pas exécuté à temps ; une seule division du 5e corps arriva après la défaite et contribua à sauver les débris de l’armée vaincue.

Le 6, dès 6 heures du matin, des actions partielles, amenées par des reconnaissances sur Vœrth et Gunstett, et qui s’étendaient bientôt à Langensulzbach, Frœschwiller, Elsasshausen, Reichshoffen, s’engageaient sur toute la ligne. L’armée allemande mettait sans cesse en avant de nouvelles troupes, et dès régiments frais succédaient aux régiments fatigués.

Cependant, jusqu’au milieu du jour, la lutte se soutint sans désavantage de notre côté. Si de Failly et Douay étaient arrivés, la journée eût pu nous appartenir. À 1 heure le prince royal arrivait sur la hauteur de Wœrth et prenait la direction de la bataille. Une