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Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/41

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attaque vigoureuse menace notre aile droite. Pour arrêter les progrès de l’ennemi, deux régiments de cuirassiers [1] et le 6e lanciers de la brigade Michel s’élancent au galop et pénètrent dans le village de Morsbronn, occupé par les Prussiens, et dont l’extrémité est fermée par une barricade. Ils sont fusillés à bout portant sans pouvoir se défendre. Cette magnifique brigade est anéantie en quelques minutes.

Cependant, grâce au courage des troupes, grâce à l’indomptable ténacité du maréchal qui lutta tant que la lutte fut possible, le combat se soutint encore, mais, vers 3 heures, un mouvement tournant menaça la ligne de retraite.

Les positions des Français s’étendaient sur un front de 6 kilomètres, ce qui donnait, avec un effectif de 46 000 hommes, une densité de 7 hommes et demi par mètre courant. Les Prussiens engagèrent 115 000 hommes sur une ligne de 8 kilomètres, ce qui faisait 14 hommes et demi par mètre. Outre la supériorité considérable des troupes qui faisaient face aux Français, les Allemands avaient donc l’immense avantage d’avoir un front beaucoup plus étendu, ce qui leur permettait de les déborder par les flancs.

Le maréchal, voyant sa situation devenir critique, donne à la division Bonnemains, composée de quatre régiments de cuirassiers, l’ordre de charger « pour le salut de l’armée ». Sans un instant d’hésitation ou de défaillance, ces braves régiments s’ébranlent et volent à la mort. Ils exécutent sur le terrain le plus défavorable cette magnifique charge devenue légendaire.

  1. Le 8e commandé par le colonel Guyot de la Rochère, entré au service comme simple soldat en 1838, actuellement général de brigade, et le 9e, commandé par le brave et excellent colonel Waternau, mort il y a peu de temps.