Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/42

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Leur dévouement, hélas ! fut inutile. Accueillis par une grêle d’obus et de balles qui trouent les cuirasses avec un bruit retentissant, ils sont en peu d’instants décimés, dispersés, et leurs débris errent au hasard sur le champ de bataille, tandis que la puissante artillerie allemande réduit enfin la nôtre au silence et couvre de ses feux les troupes qui résistent encore.

Tout était perdu. La déroute, une effroyable déroute commence. La cavalerie allemande s’élance à la poursuite des fuyards, et sans la division Guyot de Lespart, qui venait d’arriver sur le champ de bataille, l’armée française tout entière eût été prise ou sabrée.

Le 1er corps se replia en grande partie sur Saverne et fut de là dirigé sur Châlons. Quelques régiments se retirèrent sur Bitche. Un assez grand nombre de soldats débandés se réfugièrent à Strasbourg.

Tandis que l’aile droite de l’armée française subissait un si terrible échec, la gauche était, le même jour, battue à Forbach.

Le général Frossard occupait depuis quelque temps les hauteurs de Sarrebrück. Quand l’ennemi se concentra devant lui, il se trouva trop exposé ; le 5 août, il recula et prit position sur les plateaux de Forbach à Sarreguemines, en gardant Forbach, où d’immenses approvisionnements se trouvaient réunis à la gare. Dans l’après-midi, il fit faire plusieurs retranchements pour couvrir quelques points faibles. Le général appartenait à l’arme du génie et aimait à abriter ses troupes par des travaux de terrassement. C’est grâce à ces précautions que son corps d’armée put opposer une résistance vigoureuse à des forces trois fois supérieures. Le général Steinmetz, averti du mouvement de recul des Français et croyant à une retraite prononcée, s’avança sur Sarrebrück et lança en avant une reconnaissance