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Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/44

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France. Je fais la guerre aux soldats français et non pas aux habitants, dont les personnes et les biens seront en sûreté tant qu’ils ne m’enlèveront pas, par des agressions contre les troupes allemandes, le droit de les protéger. Les généraux qui commandent chaque corps feront connaître au public les mesures qu’ils sont autorisés à prendre contre les communes et les particuliers qui se mettraient en contravention avec les lois de la guerre. Ils régleront encore tout ce qui concerne les réquisitions nécessaires aux besoins des troupes, et, pour faciliter les transactions entre les troupes et les habitants, ils fixeront la différence des cours entre les monnaies allemandes et françaises. »

Après cette proclamation, qui trahit assez naïvement la crainte de trouver un soldat dans chaque habitant et d’avoir à faire cette terrible guerre de guérillas qui a eu raison en Espagne des meilleures troupes de Napoléon Ier et que j’appelais de tous mes vœux, comment expliquer le pillage éhonté auquel se livrèrent le plus souvent les armées envahissantes ? Sauf dans quelques grandes villes, comme Versailles, où la domination allemande fut trop longtemps et trop paisiblement établie pour que le pillage fût possible, était-il bien nécessaire de « fixer la différence des cours entre les monnaies allemandes et françaises », et la « transaction » ne consistait-elle pas le plus souvent pour l’Allemand à prendre ce dont il avait besoin ou ce qui lui plaisait et à détruire le reste ? Comment ne pas croire, au lendemain de Sedan, une fois l’Empereur prisonnier, que tout était fini et que nous allions recommencer à « vivre en paix avec le peuple allemand » ? Cette hypocrite proclamation n’était qu’une inqualifiable spéculation, l’appel aux discordes et à la guerre civile en face de l’invasion étrangère.