Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/50

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Nous trouvâmes Paris dans une agitation extraordinaire. Des détachements de cuirassiers parcouraient les boulevards et les rues principales. On commençait à se faire une idée plus nette de la guerre qui venait de s’ouvrir sous de si funestes auspices ; on s’irritait de nos défaites et on s’effrayait de l’avenir. Les coups terribles et répétés qui frappaient la France tiraient la population de la torpeur où elle s’était laissé ensevelir, se croyant, sur la parole de chefs présomptueux, prête à une lutte contre l’Allemagne, fière de ses succès passés, confiante dans son armée et trop crédule à d’absurdes rodomontades. Dès ce moment, chacun vit ou dut voir que la patrie était en danger et que, pour tout homme de cœur, le moment était venu de faire son devoir.

À Paris, au palais de l’Élysée, une légion se formait qui devait être composée exclusivement d’anciens militaires ; c’étaient les bataillons de francs-tireurs Lafon-Mocquard. Sitôt constituée, elle devait aller, disait le programme d’une énergique simplicité, « où serait l’ennemi ».

Enrôlement des francs-tireurs

Le lendemain, j’allai me faire inscrire pour faire partie du premier bataillon.

Je crus d’abord qu’on ne voudrait pas de moi. « Mais vous n’êtes pas solide, me disaient tous les médecins militaires chargés de l’examen des volontaires. Vous êtes habitué à une vie sédentaire et douce, vous ne pourrez jamais supporter les fatigues du métier de franc-tireur. Songez-y. Il faut faire de longues marches, mal dormir, mal manger, parfois