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Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/54

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dès cette époque l’invasion était certaine et que je voyais, dans la guerre de guérillas, faite avec intelligence, le meilleur moyen de résister. Ma conviction du reste n’a pas changé.

Nous devions, dans le principe, agir isolément par bataillons de cinq cents hommes. Un corps de cinq cents hommes, bien armés, bien équipés, composé, comme les bataillons Lafon-Mocquard, d’anciens soldats et de jeunes gens décidés à faire résolument leur devoir, me paraissait offrir de sérieux éléments de succès dans une guerre de résistance à l’invasion. Assez forts pour soutenir un combat d’avant-garde, pour faire une guerre d’escarmouches et de surprises, pour harceler, fatiguer, inquiéter une troupe en marche, n’acceptant jamais un combat en règle, procédant toujours au contraire par coups de main hardis et rapides, nous aurions pu, je crois, si l’on nous avait laissés à notre destination primitive, faire bien du mal aux Prussiens. Nous eussions lutté avec avantage contre les uhlans légendaires, qui auraient sans doute plus d’une fois payé cher leur témérité.

Constamment en mouvement, sans voitures, sans bagages, on nous aurait vus en vingt endroits à la fois, partout où il y aurait eu un corps avancé à repousser, un pont à faire sauter, une route à couper, des rails de chemin de fer à enlever, des convois à prendre, des courriers à arrêter, des prisonniers à délivrer, partout, en un mot, où il y aurait eu à exécuter une opération de guerre n’exigeant aucun déploiement de force, mais seulement du coup d’œil, de l’activité et de l’audace. Si l’on eût formé avec des volontaires de cœur et de bonne volonté, rompus à la fatigue et hardiment commandés, une cinquantaine de corps francs de cinq ou six cents hommes, et on