Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/55

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eût facilement trouvé les vingt-cinq ou trente mille hommes nécessaires ; si l’on eût laissé ces corps agir au gré de leurs chefs selon les circonstances et l’inspiration du moment, tantôt isolément, tantôt plusieurs ensemble, sur la longue ligne de communication des Prussiens de Metz ou de Strasbourg à Paris, croit-on que le ravitaillement de l’armée allemande eût été si facile ! Croit-on que cette guerre de détail qui épuise l’ennemi mi le tenant constamment en haleine, qui l’éprouve par des pertes peu importantes, mais fréquemment répétées, ne nous eût pas été profitable et. n’aurait pas rendu l’ennemi plus circonspect et moins entreprenant ?

Pour moi, je le croyais alors et je le crois encore aujourd’hui ; aussi ce fut avec un profond chagrin que je vis qu’on en avait disposé autrement. Quand les premiers bataillons Lafon-Mocquard furent organisés, l’armée de Mac-Mahon essayait de se reformer à Châlons. On rassemblait à la hâte et l’on dirigeait sur ce point toutes les forces dont on pouvait disposer. C’étaient les débris du premier corps vaincu à Reichshoffen dont le général Ducrot prit le commandement ; le cinquième corps, général de Failly ; le septième corps, général Douay ; plus une troupe de formation nouvelle à laquelle on donna, on ne sait trop pourquoi, puisqu’il n’y avait ni huitième, ni neuvième, ni dixième, ni onzième corps, le nom de douzième corps. Le général Trochu devait le commander, mais comme il fut, à ce moment, nommé gouverneur de Paris, le commandement passa au général Lebrun.

Sauf la division d’infanterie de marine commandée par le général de Vassoigne et rattachée au douzième corps, toutes ces troupes ne pouvaient inspirer qu’une médiocre confiance. Les unes, déjà démoralisées par