Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/94

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À droite, les Allemands se heurtent à une vigoureuse résistance. Au bruit du canon, le 12e corps avait rétrogradé ; il avait pu choisir ses positions. Son artillerie couronnait les hauteurs, son infanterie coupait les bois. Après plusieurs efforts infructueux, l’ennemi renonce à toute offensive sur ce point.

Il n’en est malheureusement pas de même à gauche. Les Français sont délogés successivement de toutes les hauteurs boisées qui dominent le pays au nord de Beaumont. Ils se replient d’abord sur la montagne dite du Faîte, puis sur le mont de Brenne, placé en avant de Mouzon, entre ce village et Pourron ; mais c’est en vain qu’ils tâchent de prolonger la résistance. Le mont de Brenne, occupé par quelques bataillons et trois batteries destinées à prendre l’ennemi en flanc à sa sortie du bois de Girodeau, est enlevé par un mouvement tournant exécuté à l’ouest. Plusieurs pièces de canon restent aux mains de l’ennemi ; il faut reculer encore, les communications vont être coupées. Le général de Failly ordonne définitivement la retraite.

Cette retraite fut un désastre. L’ennemi avait déjà pris position en avant d’Yoncq ; il fallut un combat vigoureux pour se frayer passage ; on perdit là deux canons, des bagages et de nombreux traînards. Peu à peu le désarroi s’accroît, la retraite devient une fuite désordonnée. La plus grande partie des troupes se précipite sur Mouzon, dont le pont est encombré et ne laisse passer que lentement les fuyards. Quelques-uns traversent la Meuse à la nage, d’autres suivent la rive jusqu’à Villers.

À ce moment le général de Failly déploie en tirailleurs, avec recommandation expresse de tenir jusqu’à la dernière extrémité, un bataillon du 30e régiment, qui, fidèle à son devoir, fut presque complètement