Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/95

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anéanti, et le 6e cuirassiers, placé sur l’autre côté de la Meuse, reçoit l’ordre de protéger la retraite des débris du 5e corps et d’arrêter la poursuite des Allemands. L’héroïque régiment traverse la Meuse à gué et charge impétueusement l’ennemi sur le flanc gauche ; il arrive jusque sur les lignes prussiennes. Un sous-officier lutte corps à corps avec le capitaine Helmuth. Ramené, le régiment revient à la charge. Pendant une heure il fait tête, mais cette charge de cavalerie, aussi brillante que celle de Reichshoffen, n’a pas plus de résultat que toutes celles qui furent exécutées pendant cette malheureuse guerre. Le régiment revient en désordre, laissant sur le terrain son colonel, M. de Contenson, le lieutenant-colonel, M. Assant, un chef d’escadron, M. Brincourt, et un grand nombre d’hommes et de chevaux.

Cette honorable résistance permit du moins aux débris du 5e corps de passer la Meuse à Mouzon. Les Allemands ne purent s’emparer du pont, mais ils prirent le faubourg de la ville et barricadèrent la route. Le passage devenait impossible.

Un grand nombre de soldats, n’ayant pu traverser la Meuse à temps, sont pris dans les fourrés où ils s’étaient réfugiés. Le lieutenant-colonel Demange, avec le commandant Escarfeuil, rallie quelques hommes du 88e et occupe une ferme dans laquelle il se maintient une partie de la nuit. À la faveur des ténèbres, il attaque les grand’gardes prussiennes et les repousse ; mais des renforts arrivent à l’ennemi, sa petite troupe se disperse. Les uns sont sabrés, les autres pris, quelques-uns seulement parviennent à passer la Meuse.

Les Français avaient perdu dans ce combat 1800 hommes tués ou blessés, 2000 prisonniers, 42 canons et un matériel de guerre considérable.