Page:Arnauld et Nicole - Logique de Port-Royal, Belin, 1878.djvu/12

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langage, et non pas de celui des autres, chacun a le droit de faire un dictionnaire pour soi ; mais on n’a pas le droit d’en faire pour les autres ni d’expliquer leurs paroles par ces significations particulières qu’on aura attachées aux mots. C’est pourquoi, quand on n’a pas dessein de faire connaître simplement en quel sens on prend un mot, mais qu’on prétend expliquer celui auquel il est communément pris, les définitions qu’on en donne ne sont nullement arbitraires.

» Ces sortes de définitions de mots semblent être le partage des grammairiens.


DEUXIÈME PARTIE. — contenant les réflexions que les hommes ont faites sur leurs jugements.


CHAPITRE Ier. — Des mots par rapport aux propositions.

» Il est de quelque utilité pour la fin de la logique, qui est de bien penser, d’entendre les divers usages des sons qui sont destinés à signifier les idées.

» On peut dire en général sur ce sujet, que les mots sont des sons distincts et articulés, dont les hommes ont fait des signes pour marquer ce qui se passe dans leur esprit.

» Les objets de nos pensées étant, comme nous avons déjà dit, ou des choses ou des manières de choses, les mots destinés à signifier, tant les choses que les manières, s’appellent noms.

» Ceux qui signifient les choses, s’appellent noms substantifs, comme terre, soleil. Ceux qui signifient les manières, en marquant en même temps le sujet auquel elles conviennent, s’appellent noms adjectifs, comme bon, juste, rond.

CHAPITRE II. — Du verbe.

» Les hommes, n’ont pas eu moins besoin d’inventer des mots qui marquassent l’affirmation, qui est la principale manière de notre pensée, que d’en inventer qui marquassent les objets de nos pensées.

» Et c’est proprement en quoi consiste ce que l’on appelle verbe, qui n’est rien autre qu’un mot dont le principal usage est de signifier l’affirmation.

CHAPITRE III. — Ce que c’est qu’une proposition et des quatre sortes de propositions.

» Après avoir conçu les choses par nos idées, nous comparons ces idées ensemble ; et trouvant que les unes conviennent entre elles et que les autres ne conviennent pas, nous les lions ou délions, ce qui s’appelle affirmer ou nier, et généralement juger. Ce jugement s’énonce par la proposition.

» On peut réduire toutes les propositions à quatre sortes, que l’on a marquées par ces quatre voyelles A, E, I, O, pour soulager la mémoire.

A. L’universelle affirmative, comme, tout vicieux est esclave.

E. L’universelle négative, comme nul vicieux n’est heureux.

I. La particulière affirmative, comme quelque vicieux est riche.

O. La particulière négative, comme quelque vicieux n’est pas riche.

CHAPITRE XV. — De deux sortes de propositions qui sont de grand usage dans les sciences, la division et la définition, et premièrement de la division.

» Il est nécessaire de dire quelque chose en particulier de deux sortes