Page:Arnauld et Nicole - Logique de Port-Royal, Belin, 1878.djvu/13

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de propositions qui sont de grand usage dans les sciences, la division et la définition.

» La division est le partage d’un tout en ce qu’il contient.

» Mais comme il y a deux sortes de tout, il a aussi deux sortes de divisions. Il y a un tout composé de plusieurs parties réellement distinctes, appelées en latin totum, et dont les parties sont appelées parties intégrantes. La division de ce tout s’appelle proprement partition ; comme quand on divise une maison en ses appartements, une ville en ses quartiers, un royaume ou un État en ses provinces, l’homme en corps et en âme, le corps en ses membres. La seule règle de cette division est de faire des dénombrements bien exacts et auxquels il ne manque rien.

» L’autre tout est appelé en latin omne et ses parties sont les sujets compris dans son étendue. Le mot d’animal est un tout de cette nature, dont les inférieurs, comme homme et bête, qui sont compris dans son étendue, sont les parties. Cette division retient proprement le nom de division, et on en peut remarquer de quatre sortes.

» Les règles de la division sont : 1o qu’elle soit entière, c’est-à-dire que les membres de la division comprennent toute l’étendue du terme que l’on divise, comme pair et impair comprennent toute l’étendue du terme de nombre.

» La deuxième règle, qui est une suite de la première, est que les membres de la division soient opposés, comme pair, impair ; raisonnable, privé de raison.

CHAPITRE XVI. — De la définition qu’on appelle définition de choses.

» Il y en a deux sortes : l’une plus exacte, qui retient le nom de définition ; l’autre moins exacte, qu’on appelle description.

» La plus exacte est celle qui explique la nature d’une chose par ses attributs essentiels, dont ceux qui sont communs s’appellent genre, et ceux qui sont propres différence.

» Ainsi on définit l’homme un animal raisonnable ; l’esprit, une substance qui pense : le corps, une substance étendue ; Dieu, l’être parfait. Il faut, autant qu’on peut, que ce qu’on met pour genre dans la définition, soit le genre prochain du défini, et non pas seulement le genre éloigné.

» La définition moins exacte qu’on appelle description, est celle qui donne quelque connaissance d’une chose par les accidents qui lui sont propres, et qui la déterminent assez pour en donner quelque idée qui la discerne des autres.

» Il y a trois choses nécessaires à une bonne définition : qu’elle soit universelle, qu’elle soit propre, qu’elle soit claire.


TROISIÈME PARTIE. — du raisonnement.


CHAPITRE Ier. — De la nature du raisonnement et des diverses espèces qu’il peut y en avoir.

» La nécessité du raisonnement n’est fondée que sur les bornes étroites de l’esprit humain, qui, ayant à juger de la vérité ou de la fausseté d’une proposition, qu’alors on appelle question, ne peut pas toujours le faire par la considération des deux idées qui la composent, dont celle qui en est le sujet est aussi appelée le petit terme, parce que le sujet est d’ordinaire moins étendu que l’attribut, et celle qui en est l’attribut est aussi appelée le grand terme par une raison contraire. Lors donc que la