Page:Arnauld et Nicole - Logique de Port-Royal, Belin, 1878.djvu/161

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Quand la conséquence est immédiate, il faut pour l’ordinaire,

1o Ou que les deux parties aient un même sujet :

Si la mort est un passage à une vie plus heureuse, elle est désirable.

Si non pavisti, occidisti,

Si vous avez manqué à nourrir les pauvres, vous les avez tués,

2o Ou qu’elles aient le même attribut :

Si toutes les épreuves de Dieu nous doivent être chères, les maladies nous le doivent être.

3o Ou que l’attribut de la première partie soit l’attribut de la seconde :

Si la patience est une vertu, il y a des vertus pénibles.

4o Ou enfin que le sujet de la première partie soit l’attribut de la seconde, ce qui ne peut être que quand cette seconde partie est négative.

Si tous les vrais chrétiens vivent selon l’Évangile, il n’y a guère de vrais chrétiens.

On ne regarde, pour la vérité de ces propositions, que la vérité de la conséquence ; car, quoique l’une et l’autre parties fussent fausses, si néanmoins la conséquence de l’une à l’autre est bonne, la proposition, en tant que conditionnelle, est vraie, comme :

Si la volonté de la créature est capable d’empêcher que la volonté absolue de Dieu ne s’accomplisse, Dieu n’est pas tout-puissant.

Les propositions considérées comme négatives et contradictoires aux conditionnelles, sont celles-là seulement dans lesquelles la condition est niée ; ce qui se fait en latin, en mettant une négation à la tête :

Finxit, vNon si miserum fortuna Sinonem
Finxit, vanum etiam mendacemque improba finget[1].

Mais en français on exprime ces contradictoires par quoique et une négation :

Si vous mangez du fruit défendu, vous mourrez.

Quoique vous mangiez du fruit défendu, vous ne mourrez pas.

Ou bien par il n’est pas vrai :

Il n’est pas vrai que, si vous mangez du fruit défendu, vous mourrez.


Des causales.

Les causales sont celles qui contiennent deux propositions liées par un mot de cause, quia, parce que, ou ut, afin que :

Malheur aux riches, parce qu’ils ont leur consolation en ce monde.

Les méchants sont élevés, afin que, tombant de plus haut, leur chute en soit plus grande.

Ut lapsu graTolluntur in altum,
Ut lapsu graviore ruant[2].

  1. Virgile, Énéide, ii, v. 79.
  2. Claudianus, in Rufum, i, 22.