Page:Arnauld et Nicole - Logique de Port-Royal, Belin, 1878.djvu/162

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Ils le peuvent, parce qu’ils croient le pouvoir,

Possunt, quia posse videntur[1].

Un tel prince a été malheureux, parce qu’il était né sous une telle constellation.

On peut aussi réduire à ces sortes de propositions celles qu’on appelle réduplicatives[2] :

L’homme, en tant qu’homme, est raisonnable.

Les rois, en tant que rois, ne dépendent que de Dieu seul.

Il est nécessaire, pour la vérité des propositions, que l’une des parties soit cause de l’autre ; ce qui fait aussi qu’il faut que l’une et l’autre soient vraies ; car ce qui est faux n’est point cause, et n’a point de cause ; mais l’une et l’autre parties peuvent être vraies, et la causale être fausse, parce qu’il suffit pour cela que l’une des parties ne soit pas cause de l’autre ; ainsi un prince peut avoir été malheureux et être né sous une telle constellation, qu’il ne laisserait pas d’être faux qu’il ait été malheureux pour être né sous cette constellation.

C’est pourquoi c’est en cela proprement que consistent les contradictoires de ces propositions, quand on nie qu’une cause soit cause de l’autre : Non ideo infelix, quia sub hoc natus sidere.


Des relatives.

Les relatives sont celles qui renferment quelque comparaison et quelque rapport.

Où est le trésor, là est le cœur.

Telle est la vie, telle est la mort.

Tanti es, quantum habeas[3].

On est estimé dans le monde à proportion de son bien.

La vérité dépend de la justesse du rapport, et on les contredit en niant le rapport.

Il n’est pas vrai que telle est la vie, telle est la mort.

Il n’est pas vrai que l’on soit estimé dans le monde à proportion de son bien.


Des discrétives.

Ce sont celles où l’on fait des jugements différents en marquant cette différence par les particules sed, mais, tamen, néanmoins, ou autres semblables exprimées ou sous-entendues.

Fortuna opes auferre, non animum potest[4]. La fortune peut ôter le bien, mais elle ne peut ôter le cœur.

  1. Virgile, Énéide, v, v. 231.
  2. Propositions où il y a redoublement ou répétition du sujet.
  3. Sénèque Épîtres à Lucilius.
  4. Sénèque, Médée, acte II, v. 176.