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pris soin d’examiner les règles des bons et des mauvais syllogismes, c’est-à-dire des arguments de trois propositions ; ce qu’il est bon de suivre, parce que les règles qu’on en donne peuvent facilement s’appliquer à tous les raisonnements composés de plusieurs propositions, d’autant qu’ils peuvent tous se réduire en syllogismes, s’ils sont bons[1].


CHAPITRE II

Division des syllogismes en simples et en conjonctifs, et des simples en incomplexes et en complexes.


Les syllogismes sont simples ou conjonctifs. Les simples sont ceux où le moyen n’est joint à la fois qu’à un des termes de la conclusion : les conjonctifs sont ceux où il est joint à tous les deux ; ainsi cet argument est simple :

Tout bon prince est aimé de ses sujets :

Tout roi pieux est bon prince :

Donc tout roi pieux est aimé de ses sujets ;

parce que le moyen est joint séparément avec roi pieux, qui est le sujet de la conclusion, et avec aimé de ses sujets, qui en est l’attribut. Mais celui-ci est conjonctif par une raison contraire :

Si un État électif est sujet aux divisions, il n’est pas de longue durée :

Or, un État électif est sujet aux divisions :

Donc un État électif n’est pas de longue durée ;

puisque État électif, qui est le sujet, et de longue durée, qui est l’attribut, entrent dans la majeure.

Comme ces deux sortes de syllogismes ont leurs règles séparées, nous en parlerons séparément.

Les syllogismes simples, qui sont ceux où le moyen est joint séparément avec chacun des termes de la conclusion, sont encore de deux sortes.

Les uns, où chaque terme est joint tout entier avec le moyen, savoir, avec l’attribut tout entier dans la majeure, et avec le sujet tout entier dans la mineure.

Les autres, où la conclusion étant complexe, c’est-à-dire composée de

  1. La vraie raison est que les autres sortes de raisonnement déductif se ramènent à cette forme essentielle.