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termes complexes, on ne prend qu’une partie du sujet, ou une partie de l’attribut, pour joindre avec le moyen dans l’une des propositions, et on prend tout le reste, qui n’est plus qu’un seul terme, pour joindre avec le moyen dans l’autre proposition, comme dans cet argument :

La loi divine oblige d’honorer les rois :

Louis XIV est roi :

Donc la loi divine oblige d’honorer Louis XIV.

Nous appellerons les premières sortes d’arguments démêlés ou incomplexes, et les autres impliqués ou complexes ; non que tous ceux où il y a des propositions complexes soient de ce dernier genre, mais parce qu’il n’y a point de ce dernier genre où il n’y ait des propositions complexes.

Or, quoique les règles qu’on donne ordinairement pour les syllogismes simples puissent avoir lieu dans tous les syllogismes complexes en les renversant, néanmoins, parce que la force de la conclusion ne dépend point de ce renversement-là, nous n’appliquerons ici les règles des syllogismes simples qu’aux incomplexes, en nous réservant de traiter à part des syllogismes complexes.


CHAPITRE III

Règles générales des syllogismes simples incomplexes.


Nous avons déjà vu, dans les chapitres précédents, qu’un syllogisme simple ne doit avoir que trois termes, les deux termes de la conclusion et un seul moyen, dont chacun étant répété deux fois, il s’en fait trois propositions : la majeure, où entre le moyen et l’attribut de la conclusion, appelé le grand terme ; la mineure, où entre aussi le moyen et le sujet de la conclusion, appelé le petit terme ; et la conclusion, dont le petit terme est le sujet et le grand terme l’attribut.

Mais parce qu’on ne peut pas tirer toutes sortes de conclusions de toutes sortes de prémisses, il y a des règles générales qui font voir qu’une conclusion ne saurait être bien tirée dans un syllogisme où elles ne sont pas observées : et ces règles sont fondées sur les axiomes qui ont été établis dans la seconde partie, touchant la nature des propositions affirmatives et négatives, universelles et particulières, tels que sont ceux-ci, qu’on ne fera que proposer, ayant été prouvés ailleurs :

1. Les propositions particulières sont enfermées dans les générales de même nature, et non les générales dans les particulières, I dans A et O dans E, et non A dans I ni E dans O ;

2. Le sujet d’une proposition, pris universellement ou particulièrement, est ce qui la rend universelle ou particulière ;

3. L’attribut d’une proposition affirmative, n’ayant jamais plus d’é-