Page:Arnauld et Nicole - Logique de Port-Royal, Belin, 1878.djvu/205

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que nous avons dit être joint à tout le moyen, se trouvera joint aussi avec le terme auquel quelque partie du moyen est jointe. S’il y a quelques Français dans chaque maison de Paris et qu’il y ait des Allemands en quelque maison de Paris, il y a des maisons où il y a tout ensemble un Français et un Allemand.

Si quelques riches sont sots,

Et que tout riche soit honoré,

Il y a des sots honorés.

Car ces riches qui sont sots sont aussi honorés, puisque tous les riches sont honorés, et par conséquent, dans ces riches sots et honorés, les qualités de sot et d’honoré sont jointes ensemble[1].

Règle II. Les termes de la conclusion ne peuvent point être pris plus universellement dans la conclusion que dans les prémisses.

C’est pourquoi, lorsque l’un ou l’autre est pris universellement dans la conclusion, le raisonnement sera faux s’il est pris particulièrement dans les deux premières propositions.

La raison est qu’on ne peut rien conclure du particulier au général (selon le premier axiome) ; car de ce que quelque homme est noir, on ne peut pas conclure que tout homme est noir[2].

1er Corollaire. Il doit toujours y avoir dans les prémisses un terme universel de plus que dans la conclusion, car tout terme qui est général dans la conclusion doit aussi l’être dans les prémisses ; et de plus, le moyen doit y être pris au moins une fois généralement.

2e Corollaire. Lorsque la conclusion est négative, il faut nécessairement que le grand terme soit pris généralement dans la majeure ; car il est pris généralement dans la conclusion négative (par le quatrième axiome), et par conséquent il doit aussi être pris généralement dans la majeure (par la seconde règle).

3e Corollaire. La majeure d’un argument dont la conclusion est néga-

  1. En résumé, cette règle revient à celle qui prescrit que le syllogisme doit avoir trois termes, ni plus ni moins. Quand le moyen terme est pris deux fois particulièrement, il y a quatre termes : 1o le grand ; 2o une première partie du moyen ; 3o le petit ; 4o une seconde partie du moyen.
  2. Dans ce cas, la conclusion dépasserait les prémisses ; ce ne serait donc plus une déduction, mais une généralisation et une induction non justifiées.