Page:Arnauld et Nicole - Logique de Port-Royal, Belin, 1878.djvu/207

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aussi que les Chinois le soient, quoiqu’ils ne soient pas plus Turcs que les Espagnols[1].

Règle IV. On ne peut prouver une proposition négative par deux propositions affirmatives.

Car de ce que les deux termes de la conclusion sont unis avec un troisième, on ne peut pas prouver qu’ils soient désunis entre eux.

Règle V. La conclusion suit toujours la plus faible partie, c’est-à-dire que, s’il y a une des deux propositions qui soit négative, elle doit être négative ; et s’il y en a une particulière, elle doit être particulière.

La preuve en est que, s’il y a une proposition négative, le moyen est désuni de l’une des parties de la conclusion, et ainsi il est incapable de les unir, ce qui est nécessaire pour conclure affirmativement.

Et s’il y a une proposition particulière, la conclusion n’en peut être générale ; car si la conclusion est générale et affirmative, le sujet étant universel, il doit aussi être universel dans la mineure, et par conséquent il en doit être le sujet, l’attribut n’étant jamais pris généralement dans les propositions affirmatives : donc le moyen, joint à ce sujet, sera particulier dans la mineure : donc il sera général dans la majeure, parce qu’autrement il serait deux fois particulier : donc il en sera le sujet, et le terme ne saurait être général dans la mineure, lorsqu’il en est le sujet, qu’il ne le soit généralement, et par conséquent cette majeure sera aussi universelle ; et ainsi il ne peut y avoir de proposition particulière dans un argument affirmatif dont la conclusion est générale.

Cela est encore plus clair dans les conclusions universelles négatives, car de là il s’ensuit qu’il doit y avoir trois termes universels dans les deux prémisses, suivant le premier corollaire ; or, comme il doit y avoir une proposition affirmative, par la troisième règle, dont l’attribut est pris particulièrement, il s’ensuit que tous les autres trois termes sont

  1. De ce que le cercle A est séparé du cercle B, et de ce que le cercle B est séparé du cercle C, il ne s’ensuit pas que les cercles A et C soient séparés ou soient unis : on peut faire des figures qui rendront la chose visible.