Page:Arnauld et Nicole - Logique de Port-Royal, Belin, 1878.djvu/334

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lins, à un grand nombre de choses très-utiles à la société humaine, et qui soulagent notablement le travail des hommes ; ce qui devrait être le fruit de la vraie physique[1] : de sorte que l’on peut dire que la première sorte de questions, où l’on cherche les causes par les effets, fait toute la spéculation de la physique ; et que la seconde sorte, où l’on cherche les effets par les causes en fait toute la pratique.

La troisième espèce de questions est quand par les parties on cherche le tout, comme lorsque ayant plusieurs nombres, on en cherche la somme, en les ajoutant l’un à l’autre, ou qu’en ayant deux on en cherche le produit en les multipliant l’un par l’autre.

Le quatrième est quand, ayant le tout et quelque partie, on cherche une autre partie, comme lorsque ayant un nombre et ce que l’on en doit ôter, on cherche ce qui restera, ou qu’ayant un nombre, on cherche quelle en sera la tantième partie.

Mais il faut remarquer que, pour étendre plus loin ces deux dernières sortes de questions, et afin qu’elles comprennent ce qui ne pourrait pas proprement se rapporter aux deux premières, il faut prendre le mot de parties plus généralement pour tout ce que comprend une chose, ses modes, ses extrémités, ses accidents, ses propriétés et généralement tous ses attributs : de sorte que ce sera, par exemple, chercher un tout par ses parties, que de chercher l’aire d’un triangle par sa hauteur et par sa base ; et ce sera, au contraire, chercher une partie par le tout et une autre partie, que de chercher le côté d’un rectangle par la connaissance qu’on a de son aire et de l’un de ses côtés.

Or, de quelque nature que soit la question que l’on propose à résoudre, la première chose qu’il faut faire est de concevoir nettement et distinctement ce que c’est précisément qu’on demande, c’est-à-dire quel est le point précis de la question.

  1. On sait ce que Descartes, à qui ces considérations sont empruntées, espérait des progrès de la physique, de la médecine et en général des diverses sciences. Voir, sur ce sujet, la 6e partie du Discours de la méthode.