à tous les objets de ces dernières et en outre à beaucoup d’autres ; et que si elle contient quelques difficultés, elles se rencontrent également dans les autres sciences qui, de plus, en renferment d’autres provenant de leur objet particulier, lesquelles ne se trouvent pas dans la science générale. Et maintenant, lorsque tout le monde connaît le nom de cette science, et que même sans s’y livrer chacun en conçoit l’objet, d’où vient que la plupart recherchent péniblement la connaissance des autres sciences qui en dépendent, et que personne ne se met en peine de l’étudier elle-même ? J’en serais étonné si je ne savais qu’elle est regardée par tout le monde comme très-facile, et si depuis longtemps je n’avais remarqué que l’esprit humain, laissant de côté ce qu’il croit pouvoir atteindre facilement, se hâte aussitôt de courir à des objets nouveaux et plus élevés.
Mais moi, qui ai la conscience de ma faiblesse, je me propose d’observer constamment dans la recherche des connaissances un tel ordre que, commençant toujours par les choses les plus simples et les plus faciles, je ne passe jamais à d’autres avant qu’il me semble n’avoir plus rien à désirer sur les premières. C’est pourquoi j’ai cultivé jusqu’à ce jour, autant qu’il a été en moi, ces mathématiques universelles ; de sorte que je crois pouvoir désormais me livrer à l’étude des sciences un peu plus hautes sans que mes efforts soient prématurés.
C’est en cela seulement qu’est renfermée la perfection de l’habilité humaine, et l’observation de cette règle n’est pas moins nécessaire à celui qui veut aborder la science, que le fil de Thésée à celui qui voudrait pénétrer dans le labyrinthe. Mais beaucoup de gens ou ne réfléchissent pas à ce qu’elle recommande, ou l’ignorent tout à fait, ou présument n’en avoir pas besoin ; et souvent ils examinent avec si peu d’ordre les questions les plus difficiles qu’ils me semblent agir comme