Page:Arnauld et Nicole - Logique de Port-Royal, Belin, 1878.djvu/420

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’appelle absolu tout ce qui contient en soi la nature pure et simple que l’on cherche ; ainsi, par exemple, tout ce qu’on regarde comme indépendant, cause, simple, universel, un, égal, semblable, droit, etc. ; et je dis que l’absolu est ce qu’il y a de plus simple et de plus facile, et que nous devons nous en servir pour résoudre les questions.

J’appelle relatif ce qui est de la même nature, ou qui du moins en participe en un point par lequel on peut le rattacher à l’absolu et l’en déduire en suivant un certain ordre. Le relatif renferme en outre certaines autres choses que j’appelle des rapports ; tel est tout ce qu’on nomme dépendant, effet, composé, particulier, multiple, inégal, dissemblable, etc. Les choses relatives s’éloignent d’autant plus des choses absolues qu’elles contiennent plus de rapports subordonnés l’un à l’autre ; par la présente règle, nous recommandons de bien distinguer ces rapports et d’en observer la connexion et l’ordre naturel, de manière que, partant du dernier et passant par tous les autres, nous puissions arriver à ce qu’il y a de plus absolu.

Or tout le secret de la méthode consiste à chercher en tout avec soin ce qu’il y a de plus absolu ; car certaines choses sont plus absolues sous un point de vue que sous un autre, tandis que, considérées autrement, elles sont plus relatives. Ainsi l’universel est plus absolu que le particulier, parce qu’il possède une nature plus simple ; mais on peut le dire plus relatif, parce qu’il faut des individus pour qu’il existe. Quelquefois aussi certaines choses sont réellement plus absolues que d’autres, et cependant ne sont pas les plus absolues de toutes ; comme, par exemple, si nous envisageons les individus, l’espèce est l’absolu ; si nous regardons le genre, l’espèce est le relatif. Parmi les corps mesurables, c’est l’étendue qui est l’absolu ; mais dans l’étendue, c’est la longueur, etc. Enfin, pour mieux faire comprendre que nous considérons ici les séries des choses à connaître, et non la nature de chacune d’elles, c’est à dessein que nous avons compté la cause et l’égal au nombre des choses absolues, quoique leur nature soit vraiment relative ; car en philosophie la cause et l’effet sont choses corrélatives. Cependant, si nous cherchons ici ce que c’est que l’effet, il faut d’abord connaître la cause, et non commencer par étudier l’effet ; les choses égales se correspondent aussi, mais nous ne reconnaissons les choses iné-