Page:Arnauld et Nicole - Logique de Port-Royal, Belin, 1878.djvu/426

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revue toutes les figures, mais il suffit de démontrer cela de quelques-unes en particulier pour conclure de même, par induction, à l’égard de toutes les autres.

J’ai ajouté que l’énumération doit être méthodique, non-seulement parce qu’il n’est pas de meilleur préservatif contre les défauts déjà énoncés que de tout examiner avec ordre, mais encore parce qu’il arrive souvent que s’il fallait étudier séparément chacune des choses qui ont rapport au but que nous nous proposons la vie d’aucun homme n’y suffirait.

Descartes. Règles pour la direction de l’esprit.

IV

BOSSUET

Le néant n’est pas entendu et n’a pas d’idée.

À proprement parler, le néant n’est pas entendu. Il n’y a nulle vérité dans ce qui n’est pas : il n’y a donc aussi rien d’intelligible ; mais où l’idée de l’être manque, là nous entendons le non-être.

De là vient que, pour exprimer qu’une chose est fausse, souvent on se contente de dire : cela ne s’entend pas, cela ne signifie rien : c’est-à-dire qu’à ces paroles il ne répond, dans l’esprit, aucune idée.

Par là il faut dire encore qu’il n’y a point d’idée du faux comme faux. Car, de même que le vrai est ce qui est, le faux est ce qui n’est point.

On connaît donc la fausseté d’une chose dans la vérité qui lui est contraire.

Ainsi, lorsque, en faisant le dénombrement des idées, nous y avons rapporté celles du vrai et du faux, il faut entendre que l’idée du faux n’est que l’éloignement de l’idée du vrai.

De même, l’idée du mal n’est que l’éloignement de l’idée du bien.

De cette sorte, à ces termes faux et mal répond, dans notre esprit, quelque chose ; mais ce qui y répond, c’est le vrai qui exclut le faux, le bien qui exclut le mal.