Page:Arnauld et Nicole - Logique de Port-Royal, Belin, 1878.djvu/470

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se rapporte aux objets dont on ne peut non-seulement rien savoir, mais encore rien opiner, dont on ne peut pas même pénétrer la vraisemblance, mais dont on peut simplement avoir la certitude qu’il n’y a pas de contradiction à les penser comme on le fait…

3o Savoir. — La croyance qui dérive d’un principe de connaissance valable tant objectivement que subjectivement, ou la certitude, est empirique ou rationnelle, suivant qu’elle se fonde ou sur l’expérience soit personnelle, soit étrangère, ou sur la raison. Elle se rapporte donc aux deux sources dont toutes nos connaissances dérivent : l’expérience et la raison.

La certitude rationnelle est ou mathématique ou philosophique ; la première est intuitive, la seconde discursive.

La certitude mathématique s’appelle aussi évidence, parce qu’une connaissance intuitive est plus claire qu’une discursive. Quoique les connaissances rationnelles mathématiques et philosophiques soient également certaines en elles-mêmes, la certitude de l’une de ces sciences est cependant différente de la certitude de l’autre.

La certitude empirique est primitive (originarie empirica), quand je suis certain de quelque chose par expérience propre ; elle est dérivée (derivative empirica), quand je suis certain de quelque chose par l’expérience d’autrui ; c’est cette dernière sorte de certitude empirique qu’on appelle ordinairement certitude historique. La certitude rationnelle se distingue de la certitude empirique par la conscience de la nécessité qui l’accompagne…

La science, c’est-à-dire l’ensemble systématique d’un ordre de connaissances, résulte de la certitude. La science est opposée à la connaissance commune, c’est-à-dire à l’ensemble d’une connaissance comme simple agrégat. Le système repose sur une idée du tout, qui précède les parties ; dans la connaissance commune, au contraire, les parties précèdent le tout.

Kant, ibid., p. 97, 111.


Règles générales pour éviter l’erreur.

Les règles générales à suivre pour éviter l’erreur sont :

1o De penser par soi-même ;

2o De se mettre dans la position des autres, et de considérer les choses sous toutes leurs faces ;

3o D’être toujours d’accord avec soi-même.

On peut appeler la maxime de penser par soi-même une façon de penser éclairée ; celle de se placer au point de vue des autres, une façon de penser étendue ; et celle d’être toujours d’accord avec soi-même, une façon de penser conséquente ou bien liée.

Kant, ibid.


La suspension du jugement, règle de méthode.

Différer ou retenir son jugement, ce n’est que la résolution de ne pas faire d’un jugement provisoire un jugement définitif et détermi-