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Christ est la nourriture de nos âmes, et comment les fidèles sont unis entre eux.

La troisième division des signes est qu’il y en a de naturels qui ne dépendent pas de la fantaisie des hommes, comme une image qui paraît dans un miroir est un signe naturel de celui qu’elle représente, et qu’il y en a d’autres qui ne sont que d’institution et d’établissement, soit qu’ils aient quelque rapport éloigné avec la chose figurée, soit qu’ils n’en aient point du tout. Ainsi les mots sont signes d’institution des pensées, et les caractères, des mots[1]. On expliquera, en traitant des propositions, une vérité importante sur ces sortes de signes, qui est que l’on en peut, en quelques occasions, affirmer les choses signifiées.


CHAPITRE V

Des idées considérées selon leur composition ou simplicité, et où il est parlé de la manière de connaître par abstraction ou précision[2].


Ce que nous avons dit en passant dans le chapitre II, que nous pouvions considérer un mode sans faire une réflexion distincte sur la substance dont il est mode, nous donne occasion d’expliquer ce qu’on appelle abstraction d’esprit.

Le peu d’étendue de notre esprit fait qu’il ne peut comprendre parfaitement les choses un peu composées, qu’en les considérant par parties, et comme par les diverses faces qu’elles peuvent recevoir. C’est ce qu’on peut appeler généralement connaître par abstraction.

Mais comme les choses sont différemment composées,

  1. Il n’en faudrait pas conclure que le langage soit tout à fait arbitraire.
  2. Ce sont deux mots synonymes dans la langue scholastique. Les idées abstraites sont séparées l’une de l’autre, donc distinctes, donc précises.