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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome III.djvu/452

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épitrite[1]. Du reste, c’est fort bien. Maintenant une autre question. Quel effet, dis-moi, produit sur ton oreille ce mètre :

Triplici vides ut ortu Triviae rotetur ignis[2].

L’E. Un effet charmant. — Le M. Pourrais-tu me dire de quelle sorte de pieds il se compose ? — L’E. Je ne le puis. Les pieds dont je marque la mesure ne forment point un ensemble harmonieux. Si je commence par un pyrrhique ou un anapeste, ou un troisième péon, les pieds suivants ne vont plus avec eux. Je trouve bien, après le troisième péon, un crétique suivi d’une longue, alliance que le crétique permet. Mais un mètre composé de cette espèce de pieds ne peut être régulier qu’en interposent un silence de trois temps. Or, il n’y a ici aucun silence, puisqu’on recommence immédiatement la mesure et que c’est là ce qui, fait sa grâce. — Le M. Vois donc si tu ne pourrais commencer par un pyrrhique ; puis mesurons par le battement un ditrochée et un spondée qui complètent les deux temps qu’offre le commencement du mètre

Triplici vides ut ortu Triviae rotetur ignis.

On peut aussi commencer par un anapeste, puis mesurer par le battement un diiambe, de sorte que la syllabe longue qui reste réunie aux quatre temps de l’anapeste fasse six temps complets qui répondent à ceux du diiambe. Et par là tu peux comprendre qu’on peut placer des tronçons de pied non-seulement à la fin, mais encore au commencement du mètre. — L’E. : Je le comprends.

17. Le M. Et si je retranche la finale longue, de façon à ce que le mètre devienne celui-ci :

Segetes meus labor ;

Ne vois-tu pas que je fais la reprise avec un silence de deux temps ? D’où il est évident qu’on peut placer une partie de pied au commencement, un autre à la fin et en remplacer un autre par un silence.- L’E. Cela est également évident. — Le M. C’est ce qui arrive, si dans ce mètre on bat la mesure d’un ditrochée complet. Car si on bat la mesure d’un diiambe et qu’on commence par un anapeste, tu vois bien qu’on met au commencement une frac. tion de pied de 4 temps et qu’il en faut encore deux que l’on complète avec un silence à li fin. Cela nous apprend qu’un mètre peut commencer par une fraction de pied et finir par un pied complet, mais jamais sans silence. — L’E. C’est un point également hors de doute, — Le M. Eh bien ! pourrais-tu battre la mesure de ce mètre et dire de quels pieds il se compose ?

Jam satis terris nivis atque dirae
Grandinis misit Pater, et rubente
Dextera sacras jaculatus arces[3].

L’E. Je puis mettre en tête un crétique, je trouve ensuite deux pieds de six temps, à savoir, un ionique majeur et un ditrochée, puis j’observe un silence d’un temps qui s’ajoute au crétique pour compléter les six temps. Le M. Il y a une erreur assez grave dans cette mesure ; la voici : lorsqu’un ditrochée est à la fin du mètre, s’il y a un silence complémentaire, la finale, qui est naturellement brève, devient longue pour l’oreille. Le nieras tu ? — L’E. Loin de là, j’en demeure d’accord. — Le M. Ainsi donc on ne peut terminer un mètre par un ditrochée, sauf le cas où il n’y aurait aucun silence complémentaire, si on veut éviter de faire entendre un épitrite second à la place du ditrochée. — L’E. C’est évident. — Le M. Comment donc trouver la mesure de ce mètre ? — L’E. Je n’en sais rien.

CHAPITRE XIV.

SUITE DE L’INTERPOSITION DES SILENCES DANS LA MESURE DES MÈTRES.

Le M. Vois donc si la cadence est légitime, lorsque je débite ce mètre de manière à mettre un silence après les trois premières syllabes. De cette manière, en effet, il n’y a plus besoin de silence complémentaire à la fin, et le ditrochée peut s’y trouver convenablement placé. — L’E. En effet, la cadence est très-agréable.

19. Le M. Ajoutons donc à notre méthode une nouvelle règle, celle d’observer un silence, non. (Horat. liv, 1, ode 2.)

  1. L’élève, on l’a vu, avait combiné un second épitrite avec un iambe suivi d’un silence.
  2. Tu vois comme le triple lever d’Hécate fait tourbillonner la flamme.
  3. Assez longtemps Jupiter a lancé sur la terre la neige et la grêle funeste ; assez longtemps son bras enflammé a lancé la foudre suries édifices sacrés.