Tous ces pieds incomplets s’appellent donc avec raison demi-pieds.
Te domus Evandri, te sedes celsa latini[1].
28. Mais on ne compose pas toujours des poèmes avec une seule espèce de vers, comme font les poètes épiques et même les comiques ; les poètes lyriques décrivent des circuits, ce que les Grecs appellent : periodus, non-seulement avec les mètres, qui ne sont pas soumis à la loi des vers, mais avec des vers mêmes. Ainsi, dans Horace :
Nox erat, et caelo fulgebat luna sereno
Inter minora sidera[2].
C’est une période à deux membres, composée de vers. Et ces deux vers ne peuvent s’unir entre eux à moins d’être scandés par pieds de six temps. Car la mesure du vers héroïque ne s’accorde pas avec celle de l’iambique ou du trochaïque, parce que dans l’un les pieds ont le même rapport, dans les autres un rapport de 1 à 2. Donc les périodes lyriques se
composent ou de mètres, à l’exclusion de vers, comme ceux dont nous avons parlé plus haut dans notre entretien sur les mètres ; ou de vers seuls, comme dans la période citée plus haut, ou de vers et de mètres, mêlés ensemble, comme dans cet exemple :
Diffugere nives, redeunt jam gramina campis,
Arboribusque comae[3].
L’ordre dans lequel se succèdent les vers et les mètres, les grands et les petits membres des vers est indifférent à l’oreille, à condition toutefois que la période n’ait pas moins de 2 membres ni plus de 4 membres.
Si tu n’as plus d’objection à me présenter, finissons ici la discussion : abordons cette partie de la Musique qui traite des rapports dans la durée et le mouvement, et tâchons, autant que la sagacité de notre raison nous le permettra, de nous élever des traces sensibles que nous trouvons ici-bas de l’harmonie, au sanctuaire mystérieux où elle réside, dégagée de toute enveloppe matérielle.