LIVRE SIXIÈME.
CHAPITRE Ier.
1. Le M. Nous avons consacré un temps considérable et une attention scrupuleuse jusqu’à la puérilité, à rechercher, dans le cours de cinq livres, les rapports qui fixent la durée des temps. Le but moral de notre travail servira peut-être d’excuse, aux yeux des lecteurs bienveillants, à ces études frivoles. En composant cet ouvrage nous n’avons eu qu’une intention sans arracher brusquement les jeunes gens et les personnes de tout âge que Dieu a favorisés des dons de la nature, aux idées sensibles et aux sciences mondaines, qui ont pour eux un attrait si puissant, nous avons voulu leur faire perdre ce goût peu à peu, à l’aide du raisonnement, et les amener, par l’amour de l’immuable vérité, à ne s’attacher qu’au Dieu unique et maître de toutes choses qui gouverne sans intermédiaire tes intelligences humaines. Ainsi on verra, en lisant cet ouvrage, que les grammairiens et les poètes ont été pour moi des hôtes de passage, chez lesquels je me suis arrêté par nécessité plutôt que par choix. Mais si notre Dieu et Seigneur écoute mes humbles prières, s’il conduit ma volonté et la dirige au but que je me propose, le lecteur, parvenu à ce dernier livre, comprendra qu’on arrive à des biens peu communs par une voie fort commune ; c’est la voie même que nous avons suivie avec les faibles, sans être bien forts nous-mêmes, au lieu de prendre hardiment notre vol avant d’avoir une aile assez vigoureuse. À ce titre donc le lecteur nous absoudra ou ne nous fera point de grave reproche ; j’entends le lecteur initié à la spiritualité.
Quant à cette foule bruyante qui bourdonne dans les écoles et dont l’esprit superficiel se laisse ravir d’enthousiasme au bruit des applaudissements, si elle rencontre cet écrit, elle le dédaignera ou ne croira devoir s’attacher qu’aux cinq premiers livres ; quoique le sixième renfermé la conclusion et pour ainsi dire le suc des autres, elle le rejettera comme superflu, ou en ajournera la lecture comme n’offrant qu’un intérêt secondaire. Quant à ceux qui, sans avoir la clef de ces sciences, sont tout pénétrés des principes du spiritualisme chrétien et s’élèvent par l’effort d’une ardente charité jusqu’au seul et véritable Dieu, en passant par-dessus toutes ces frivolités, je les avertis en frère de ne pas s’abaisser à tous ces détails, et, s’ils y trouvent quelque difficulté, de ne pas s’en prendre à la lenteur de leur intelligence : ce serait ignorer que, si les chemins sont pénibles et raboteux, ils peuvent les franchir dans leur vol sans les explorer. S’il se trouve des lecteurs qui, par faiblesse naturelle ou par défaut d’exercice, soient incapables de suivre notre marche et de s’élancer