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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome IX.djvu/512

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Ne crains rien, cette loi ne te surchargera point. « Deux commandements renferment toute la loi et les Prophètes[1] ». Mais je veux tenir toute la loi. Retiens-la, si tu le peux, quand tu le peux, comme tu le peux. Quelque page que tu interroges, elle te répondra : Tiens bien ce que tu tiens ; conserve la charité. « La fin de la loi est la charité[2] ». Ne t’arrête pas au grand nombre des branches, tiens la racine, et tu seras maître de l’arbre. « Ils retiennent dans leur mémoire ses commandements afin de les pratiquer ».
26. « Le Seigneur a préparé son trône dans le ciel[3] ». Qui a préparé son trône dans le ciel, sinon le Christ ? Lui qui est descendu pour y remonter, qui est mort et qui est ressuscité, qui s’est revêtu de l’homme pour l’élever jusqu’au ciel, c’est lui qui a préparé son trône dans le ciel. Ce trône est le siège du juge ; ô vous qui écoutez, songez bien que c’est dans le ciel qu’il a établi son trône. Que chacun vive comme il lui plaira sur la terre ; le péché ne sera pas sans châtiment, ni la justice sans récompense : car le Seigneur, qui a été tourné en dérision au tribunal d’un homme, a préparé son tribunal dans le ciel. « Le Seigneur a préparé son trône dans le ciel, et son empire domine tous les hommes. Au Seigneur appartient l’empire, et il dominera les nations[4]. Et son royaume s’étend sur tous les hommes ».
27. « Bénissez le Seigneur, vous qui êtes ses anges, qui êtes revêtus de force, qui accomplissez sa volonté ». La parole de Dieu ne te rendra donc point juste ou fidèle, si tu ne la pratiques. « Vous qui avez la puissance, qui exécutez ses ordres, afin que l’on obéisse à ses préceptes[5] ».
28. « Bénissez le Seigneur, vous qui êtes sa milice, ses ministres, qui accomplissez sa volonté[6] ». Vous tous qui êtes ses anges, si grands en force, qui faites sa volonté, vous sa milice, vous tous qui êtes ses ministres accomplissant sa volonté, vous tous, bénissez le Seigneur. Pour ceux qui vivent dans le désordre, quand même leur langue se tairait, leur vie est une malédiction contre Dieu. À quoi bon chanter de la langue des hymnes à Dieu, quand la vie n’est qu’une exhalaison sacrilège ? Or, une vie désordonnée fait éclater en blasphèmes une infinité de langues. Ta langue s’occupe d’un psaume, et les langues de ceux qui te regardent s’occupent de blasphèmes. Si donc tu veux bénir le Seigneur, accomplis sa parole, accomplis sa volonté. Édifie sur la pierre, et non sur le sable. Écouter sans pratiquer, c’est bâtir sur le sable ; écouter et pratiquer, c’est bâtir sur la pierre. Ne rien écouter, ne rien pratiquer, c’est ne rien bâtir. Bâtir sur le sable, c’est élever une ruine. Ne rien bâtir, c’est s’exposer à la pluie, aux vents, aux fleuves ; on est emporté avant de résister[7]. Donc sans nous ralentir, hâtons-nous de construire : mais ne construisons point de manière à n’élever qu’une ruine ; bâtissons sur la pierre, afin de ne point nous écrouler au souffle de la tentation. S’il en est ainsi, bénis le Seigneur : s’il n’en est pas ainsi, ne te rassure point sur ce que dit ta langue ; mais interroge ta vie, elle te répondra. Si tu trouves en toi quelque mal, gémis, confesse-toi : ta confession bénira le Seigneur, mais ta conversion sera une bénédiction persévérante.
29. « Bénissez le Seigneur, ô vous qui êtes ses œuvres, dans toute l’étendue de sa domination[8] ». Donc en tout lieu. Qu’on ne le bénisse point où il n’est pas le maître. « Dans l’étendue de sa domination ». Qu’on ne dise point : Je ne puis bénir le Seigneur en Orient, puisqu’il est parti pour l’Occident : ou, je ne puis le bénir en Occident, puisqu’il est en Orient, « Ce n’est en effet, ni de l’Orient, ni de l’Occident, ni du désert, que Dieu vient, parce qu’il est le juge[9] ». Il est partout, afin qu’on le bénisse partout ; il vient de toutes parts, afin que de toutes parts on pousse des cris d’allégresse. On le bénit partout, quand partout on mène une vie pure. « Bénissez le Seigneur, ô vous qui êtes ses œuvres ». Lorsque par une vie pure tu auras commencé à bénir le Seigneur, ce seront tes œuvres, et non tes mérites, qui le béniront. Car c’est lui qui fait le bien par toi et en toi, comme le dit l’Apôtre : « Travaillez à vous sauver avec crainte et tremblement : car c’est Dieu qui opère en vous[10] ». De peur qu’en pratiquant sa parole, en accomplissant sa volonté, tu ne viennes à t’élever, il a voulu t’humilier en te montrant la grâce qui te fait agir ainsi. « Dans toute l’étendue de sa domination, ô mon âme, bénis le Seigneur ».

  1. Mt. 22,40
  2. 1 Tim. 1,5
  3. Ps. 102,19
  4. Ps. 102,29
  5. Ps. 102,20
  6. Ps. 102,21
  7. Mt. 7,24-27
  8. Ps. 102,22
  9. Id. 85,7-8
  10. Phil. 2,12-13