Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/127

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taient pas perdues[1]. Plus tard, lorsque devenue l’épouse de M. de Vandeul, elle a écrit les Mémoires pour servir à l’histoire de la vie et des ouvrages de Diderot, on voit, dans cette esquisse, combien étaient profondes l’admiration et l’affection que son père lui avaient inspirées. Naturellement, sa mère aussi lui était chère ; mais dans les louanges qu’elle lui accorde, il n’y a pas la même effusion. Nous avons vu d’ailleurs que le caractère de madame Diderot était loin d’être aimable : son mari avait certes des torts à son égard, mais avait-elle pris le moyen de l’amener à résipiscence ? Diderot en était venu au point de ne plus lui parler. Elle prenait texte du propos le plus indifférent en lui-même pour lui faire les scènes les plus vives, dans lesquelles sans doute le nom des dames Voland devait être souvent prononcé. Son mari n’était pas seul à supporter sa mauvaise

  1. En effet, le 22 juillet 1769, il écrivait à mademoiselle Voland : « Je suis fou à lier de ma fille. Elle dit que sa maman prie Dieu, et que son papa fait le bien ; que ma façon de penser ressemble à mes brodequins, qu’on ne met pas pour le monde, mais pour avoir les pieds chauds ; qu’il en est des actions qui nous sont utiles et qui nuisent aux autres, comme de l’ail qu’on ne mange pas quoiqu’on l’aime, parce qu’il infecte ; que, quand elle regarde ce qui se passe autour d’elle, elle n’ose pas rire des Égyptiens ; que si, mère d’une nombreuse famille, elle avait un enfant bien méchant, bien méchant, elle ne se résoudrait jamais à le prendre par les pieds et à lui mettre la tête dans un poêle(1). Et tout cela en une heure et demie de causerie, en attendant le dîner. »

    (1) Allusion à l’enfer.