Page:Béranger - Ma biographie.djvu/149

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intérêt personnel ! C’est un reproche que j’ai dû braver dans l’intérêt même du genre auquel je dois tant de reconnaissance.

J’arrive à l’année 1813, qui marque le commencement de ma réputation, lorsque j’allais me résigner à n’en avoir jamais.

Au milieu de beaucoup d’autres travaux, on a vu que j’avais toujours fait des chansons. Par une indiscrétion de mon père, plusieurs de celles qui n’avaient été faites que pour amuser notre petite société d’amis furent imprimées dans un des nombreux recueils qui encombraient alors la librairie des étrennes ; elles y passèrent inaperçues, et ne méritaient pas mieux. Mais enfin des copies à la main du Sénateur, du Petit Homme gris, des Gueux, et surtout du Roi d’Yvetot, révélèrent mon nom aux amateurs du genre, toujours si nombreux en France. Quelques-unes furent imprimées ; mais la dernière, qui ne courut que manuscrite, devint l’objet d’une attention particulière. Critique fort modérée du gouvernement impérial, lorsque le mutisme était d’ordre public, elle eut la bonne fortune de voir la police la suivre à la piste. Le travail des vers, l’exactitude de la rime, n’empêchèrent pas d’abord de l’attribuer à des hommes du monde haut placés, ce qui me décida à prier mes amis, et Arnault surtout, de faire savoir le nom de l’auteur à ceux qui, disait-on, avaient