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qui donna à cet égard de véritables preuves de supériorité. (Note de Béranger.)


Note C. — Au titre.

Jamais la chanson n’avait élevé ses prétentions si haut qu’en osant déplorer la mort du plus grand homme des temps modernes et peut-être des temps anciens, de celui qui avait, à lui seul, gagné autant de batailles qu’Alexandre et César, autant administré que Charlemagne et Louis XIV, et à qui nous devons un code civil, résumé de notre nouvelle position sociale, dont le bienfait compense, à lui seul, les maux que les ennemis de Napoléon ont prétendu qu’il avait faits à la France.

L’auteur hésita longtemps s’il tenterait un pareil chant funèbre. Une fois ce cadre déterminé, il crut devoir y faire entrer des Espagnols, plutôt que tout autre peuple, parce que ceux-ci passaient pour avoir plus à se plaindre de Napoléon. Il crut donc, en les faisant participer à la douleur de l’exilé français, à qui ils ont accordé le passage, exprimer mieux que par tout autre moyen combien les traitements odieux que ce grand homme avait eu à essuyer l’avaient rendu l’objet de l’intérêt des peuples mêmes qu’il passait pour avoir le plus opprimés.

On remarquera, sans doute, que le refrain est ici presque complétement isolé du couplet. Il ne s’y rattache que par opposition, puisque Napoléon ajoutait à ses malheurs, déjà si longs, celui de mourir loin de sa patrie et du fils, qui devait avoir ses dernières pensées et qui aurait dû lui fermer les yeux. Ce refrain, ainsi détaché, est une imitation de la manière antique. Le chansonnier, qui ne savait pas plus de grec que de