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DES SCIENCES, L. II. CH. XIII.

qu’avant de se résoudre à la guerre, il faut bien mesurer ses propres forces, et bien considérer si cette guerre est de telle nature qu’on puisse espérer de la conduire heureusement à sa fin ; de peur d’embrasser de trop vastes projets, et de se repaître d’éternelles espérances. Car c’est avec prudence que Persée, parmi les Gorgones, s’adressa à celle qui de sa nature étoit mortelle, et se garda bien de tenter l’impossible. Voilà donc ce que nous enseigne cette fable par rapport aux délibérations sur la guerre à entreprendre ; le reste regarde la guerre considérée dans le temps même où on la fait.

Ce qu’il y a de plus utile dans la guerre, ce sont ces trois présens des dieux, et cela au point qu’ils maîtrisent et entraînent avec eux la fortune. Car Persée reçut de Mercure la célérité ; de Pluton, l’adresse à cacher ses desseins ; de Pallas, la prévoyance. Et ce n’est pas la partie la moins ingénieuse de cette allégorie, que ces ailes, instrument de cé-