vrage, tout tissu de périodes assez mal organisées et renflées de deux ou trois parenthèses souvent plus grandes que la phrase fondamentale, et qui semblent autant de loupes ajoutées à un visage déjà difforme[1]. Outre ces imperfections, le style de Bacon est excessivement métaphorique ; il l’est en morale, en physique et même en parlant des plantes d’un potager : il semble qu’il écrive des géorgiques, et veuille rivaliser avec Virgile. Il a fallu adoucir ces figures si déplacées, et même quelquefois les retrancher tout-à-fait ; non-seulement parce que notre goût très susceptible les repousse, mais aussi, mais surtout parce que trop souvent elles nuisent à la justesse et à la clarté. On n’emploie, en physique, un terme figuré qu’au moment où le terme propre ne se présente pas, parce que, trop pressé d’écrire, on ne lui a pas donné le temps de se présenter. À quoi nous devons ajouter que l’auteur n’étant qu’un très foible mathématicien,
- ↑ Les Anglais ont le mérite de nous avoir appris à penser, et nos grands écrivains celui de leur avoir appris à écrire, genre de mérite au moins égal, et plus grand peut-être ; car les vérités les plus utiles étant dans le monde depuis long-temps, comme l’a observé Paschal, et comme chacun peut s’en assurer par lui-même, il est clair que si elles y sont stériles, inactives et comme mortes, c’est parce qu’on n’a pas su les présenter, l’art d’écrire étant encore très nouveau parmi nous.