Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
lxxij
PRÉFACE

même relativement au temps où il a vécu et n’ayant pas cette justesse d’expression que donne à la longue une étude un peu suivie de cette science si sévère, qui ne reçoit aucun terme impropre ou inutile, il a souvent des pensées bonnes en elles-mêmes, mais qui deviennent, par la manière dont il les exprime, de vrais paradoxes et presque des erreurs. Il a donc fallu encore ajouter ou retrancher quelquefois deux ou trois mots dans une période, pour lui faire dire précisément ce qu’il vouloit dire, et lui prêter les termes qu’il eût employés lui-même, s’il eût été plus familier avec le langage consacré. Nous avons dû penser que ce qu’on nous demande, c’est une traduction intelligible, et non un recueil d’énigmes dont il eût fallu à chaque instant donner le mot dans des notes qui eussent paru trop multipliées.

En second lieu, sa bizarre nomenclature présente quelquefois des difficultés si insurmontables, que, si nous n’eussions un peu compté sur l’indulgence de nos lecteurs, dont quelques-uns connoissent ces difficultés, et n’exigent pas de nous l’impossible, nous eussions entièrement renoncé à notre entreprise. Il forge quelquefois des mots d’autant plus inutiles, qu’aux idées qu’il y attache, sont attachés, dans sa langue, comme dans la nôtre, des mots suffisans pour les exprimer, et naturalisés par un long usage. Nous avons