Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/203

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Mr Descartes vint en poste de Lyon en Poictou pour sçavoir l’état du bien qu’il y avoit laissé sans l’avoir pû vendre avant son départ, et pour rendre conte à Madame Sain sa marraine, de ce qu’il avoit fait pour les affaires de feu son mary dans l’armée d’Italie. Etant à Châtelleraut il fut sollicité de traitter de la charge du lieutenant général du lieu, qui se trouvoit pressé de s’en deffaire pour en acheter une autre à son fils : et on lui fit entendre qu’il l’auroit pour seize mille écus ou 50000 livres.

Il rejetta d’abord ces propositions sous pretexte qu’il ne pouvoit mettre de son argent plus de dix mille écus contans en une charge de judicature. Mais n’ayant pû résister aux instances de quelques amis qui lui offrirent de l’argent sans intérêt, il promit d’en écrire à monsieur son pére dés qu’il seroit à Poictiers. C’est ce qu’il fit le Xxiv jour de juin, pour le prier de l’assister de son conseil, et de le déterminer sur son choix. Il avoit sujet de craindre que son pére, qui étoit pour lors à Paris, ne le jugeât incapable de remplir une charge de cette espéce, parce que n’ayant fait autre éxercice jusques là que de porter l’épée, il paroîtroit être venu trop tard pour entrer dans la profession de la robe. C’est surquoi il voulut le prévenir en lui marquant la disposition où il seroit d’aller se mettre chez un procureur du Châtelet, jusqu’à ce qu’il eût appris assez de pratique pour pouvoir éxercer cette charge.

Son dessein étoit d’aller voir m. Son pére à Paris, dés qu’il auroit reçû de ses nouvelles : mais l’appréhension de ne le plus retrouver en