Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/414

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occasion au trouble. Il ne s’étoit pas contenté de parler en faveur de son amy, il avoit encore osé prendre la défense de diverses personnes injustement traitées par la véxation de quelques officiers intéressez. Il avoit appris de plus que cette affaire avoit été rapportée avec des circonstances trés odieuses à m. Le chancelier Seguier. C’est pourquoi la crainte d’avoir déplû à ce prémier magistrat du royaume l’avoit fait écarter pour prévenir les effets de son ressentiment. Il demeura environ un an dans son éloignement, jusqu’à ce que M Le Cardinal De Richelieu informé de son mérite et du sujet de sa retraite par Madame La Duchesse D’Aiguillon et par m. Le chancelier même le fit revenir en 1639, et l’établit peu de têms aprés intendant de Normandie à Roüen.

M Descartes ayant reçû le second écrit ou la replique des amis de M De Fermat à la réponse qu’il leur avoit faite n’eut pas de peine à y reconnoître le stile de M De Roberval. La dureté des maniéres et les expressions des-obligeantes d’absurdité, d’ignorance, et de mauvaise foy, luy firent juger que M Pascal étoit véritablement absent ou qu’il n’avoit point de part à la composition de ce nouvel écrit.

Aussi n’attribua-t’il qu’à M De Roberval la précipitation avec laquelle on entreprenoit à la fin de cét écrit de juger généralement de sa méthode, de sa dioptrique, et de ses météores, lors qu’il ne s’agissoit que de quelques omissions qu’on imputoit à sa géométrie. Il en récrivit au P Mersenne sur la fin du mois de mars, et il luy manda qu’il n’étoit point résolu de faire réponse à ce second écrit, parce qu’il remarquoit que celuy qui l’avoit composé, se picquoit . Mais il pria ce pére que quand il verroit la colére de M De Roberval appaisée, il luy fist connoître le peu de raison qu’il avoit eu de s’échauffer , et le peu de conformité que la passion qu’il avoit de censurer tout ce qui venoit de luy pouvoit avoir avec la modération dont Messieurs De Fermat et Pascal en usoient d’ailleurs à son égard. Nonobstant ses maniéres rebutantes et ses préventions, il le fit assurer par le Pére Mersenne qu’il étoit son trés-humble serviteur, et qu’il ne s’offensoit pas plus de tout ce qui étoit dans son écrit, que l’on fait ordinairement dans le jeu, de la colére de ceux qui perdent. Mais que, comme il n’y a point de plaisir à joüer contre ceux qui se