Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/424

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jour, en dépit de la jalousie de M De Roberval. M De Fermat chercha encore autre chose à souhaiter dans la géométrie de M Descartes. M Chauveau qui n’avoit pas l’indifférence de M Descartes sur ces matiéres crut devoir arrêter ces libertez dans M De Fermat, contre lequel il écrivit sans consulter M Descartes, qui ne l’auroit sans doute pas permis. Il eut néanmoins la considération de ne point faire imprimer sa réponse, et il se contenta de faire remarquer à plusieurs de ses amis en particulier les fautes dont il chargeoit M De Fermat, et l’excellence des écrits de M Descartes.

M Des Argues dont l’habileté étoit généralement reconnuë des géométres du têms, prit aussi la défense de M Descartes contre M De Fermat dans une assez longue dissertation qu’il addressa au P Mersenne en forme de lettre écrite le 4 d’avril de l’an 1638.

Mais comme il sembloit être l’amy commun de tous les sçavans illustres qui étoient entrez dans cette fameuse querelle, on n’est point surpris de voir qu’il y dise beaucoup de bien, non seulement de M Mydorge et des autres partisans de M Descartes, mais encore de M De Fermat, de M Pascal, et de M De Roberval ses adversaires, dont il souhaitoit de tout son cœur que le mérite fût enfin récompensé de l’amitié de M Descartes.

L’état de la dispute s’étant fait connoître ensuite dans les païs étrangers, on prétend qu’il n’y a presque point eu d’habile géométre qui ne soit entré dans le parti de M Descartes. C’est ce que l’on a remarqué principalement en Hollande, où l’on a vû même le docte M Jean Hudde écrire exprés sur ce sujet plusieurs années aprés que la chose parut assoupie entre M Descartes et M De Fermat. Mais nous ne pouvons dissimuler ce que le feu Pére Prestet de l’oratoire l’un des plus habiles mathématiciens de nos jours a fait en ces derniéres années pour la défense de M Descartes. Si l’on en croid ce pére, la méthode générale qu’il a donnée pour déterminer quelles sont les plus grandes et les moindres quantitez , est la plus belle et la meilleure de toutes celles qu’on a inventées. Il avouë qu’elle ne paroît pas d’abord, et que ce n’est qu’avec un peu d’attention qu’on en peut voir l’excellence et la simplicité, parce qu’il en parle assez légérement et sans luy