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MACÉDOINE.

pont la 2e. année de la 111e. olympiade, et il mourut la 1re. annonce de la 114e. Il était né la 1re. année de la 106e., et il avait commencé son règne la 1re. année de la 111e. [a]. Il eut un bonheur fort particulier ; c’est que l’on ne put pas dire, pour diminuer l’éclat de sa gloire, que les trahisons eussent eu beaucoup de part à ses triomphes (N). Il n’est pas besoin de dire que Philippe son père descendait d’Hercule, et qu’Olympias sa mère descendait d’Achille, et qu’ainsi son extraction était aussi glorieuse qu’elle l’eût pu être, s’il avait eu la liberté de se la choisir dans l’histoire. Nous ne parlerons pas ici de ses femmes et de ses enfans ; nous renvoyons cela à l’article Roxane [* 1]. Il serait de l’esprit de ce Dictionnaire de marquer toutes les fautes qui concernent ce conquérant : je n’en marquerai néanmoins que quelques-unes. Les Juifs prétendent qu’il vida plusieurs procès qu’ils avaient avec leurs voisins (O). Quelques-uns disent que les Romains lui envoyèrent des ambassadeurs (P). Tite-Live est tombé en contradiction quand il a parlé de ce prince (Q). Un de nos plus excellens poëtes semble s’être contredit sur le même sujet (R). Nous verrons ailleurs [b] s’il est croyable que la reine des Amazones ait fait un très-long voyage pour coucher avec ce roi ; et [c] que la mer de Pamphylie ait abandonné le rivage pour faciliter la marche de l’armée macédonienne. Si pour rallier ses troupes il s’était servi d’une corne dont le son portait jusqu’à cent stades, quelqu’un des historiens qui nous reste en aurait parlé ; nous n’aurions pas besoin de chercher cela dans un manuscrit du Vatican [d]. Je ne mets point au nombre des fables ce que l’on rapporte du mépris qu’il eut pour un homme qui lui donna des preuves d’une adresse extraordinaire (S).

  1. * Bayle n’a pas donné cet article.
  1. Juxtà Sethum Calvisium, qui fait concourir l’année de la mort d’Alexandre avec l’an 430 de Rome, et avec l’an 321 avant Jésus-Christ.
  2. Dans l’article de Thalestris, [cet article n’existe pas.]
  3. Dans l’article Phasélis, tom. XII.
  4. Le père Kircher, in Arte magnâ Lucis et Umbræ, lib. II, part. I, cap. VII, dit que ce manuscrit traite de Secretis Aristotelis ad Alexandrum. Voyez les Mémoires des Arts et des Sciences de M. Denis, 2 de mai 1672, pag. 111, 112.

(A) Les rois ..... font son éloge beaucoup mieux que ne sauraient faire les écrivains. ] Rien n’est plus propre à nous remplir d’admiration pour Alexandre, et à nous faire soupçonner en lui des qualités qui surpassent l’imagination, que de voir dans tous les siècles plusieurs grands princes, qui, avec tout leur courage, toutes leurs intrigues, toute leur prudence, tous leurs bons succès, ne s’agrandissent que bien peu. Ils savent vaincre, mais non pas profiter de leurs victoires. Voyez la remarque (A) de l’article de César. De quoi servirent à Charles-Quint tant d’avantages qu’il remporta sur la France ? Augmentèrent-ils son patrimoine ? Ne fut-ce pas beaucoup, après la grande victoire qui fut gagnée à Saint-Quentin par son successeur, que de recouvrer ce que la France avait pris au duc de Savoie, allié de la maison d’Autriche ? et ne fallut-il pas même obtenir cela par la sottise, ou par l’infidélité des favoris de Henri II [1] ?

(B) Qu’on ne dise pas que les occasions lui ont été favorables. ] Je ne prétends pas le nier : ma pensée est

  1. Voyez l’article Henri II. tom. VIII, pag. 16-18, remarques (G) et (H).