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deuxième partie. — la relativité généralisée.

partout la même, la loi d’Einstein conduit à la même contradiction.

Doit-on alors supposer que l’Univers a une sorte de centre près duquel la densité de la matière est maximum et autour duquel la matière se raréfie jusqu’au vide complet ? La matière formerait une île dans l’espace infini. Mais s’il en était ainsi, toute énergie rayonnante sortie de cette île se propagerait à l’infini, sans retour, et se dissiperait ; la matière elle-même se disperserait, comme l’atmosphère d’un astre qui s’évapore peu à peu dans l’espace. Il faudrait alors admettre que, puisque l’Univers n’est pas mort, la matière n’existe que depuis un temps limité, ce qui recule toutes les difficultés et n’en résout aucune.

Pour un homme intelligent qu’on aurait laissé dans l’ignorance de la forme de la Terre, la disparition progressive d’un navire sous l’horizon serait une révélation ; ayant compris que la surface est courbe, cet homme envisagerait la possibilité d’une surface finie, d’un monde fermé. Pareille révélation nous est donnée par la théorie d’Einstein, par le simple fait qu’un rayon lumineux peut ne pas se propager en ligne droite dans le vide. Nous sommes donc amenés à penser que l’Univers pourrait ne pas être infini dans toutes ses dimensions ; il est même possible — ce sont les hypothèses d’Einstein et de de Sitter — que l’espace soit fini, bien qu’illimité comme la surface d’une sphère qui ne comporte pas de bornes, puisqu’on peut en faire le tour indéfiniment. Le temps seul resterait infini.

Nous allons maintenant exposer des raisons profondes qui conduisent à attribuer à l’Univers une courbure non nulle, même dans le vide, et à considérer l’espace comme fini.

107. La théorie électronique de la matière conduit à attribuer à l’Univers une courbure totale constante et différente de zéro dans le vide.

Jusqu’à présent, nous avons adopté comme loi de gravitation dans le vide les équations

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