Page:Becquerel - Le Principe de relativité et la théorie de la gravitation, 1922.djvu/326

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
306
deuxième partie. — la relativité généralisée.

grandeur qui s’identifie avec la grandeur physique que nous appelons la densité propre

« La matière est un indice, dit Eddington, et non une cause… La matière et le mouvement sont des aspects de la courbure d’Univers… La loi de gravitation (la loi dans le vide) n’est pas une loi, si l’on entend par ce mot une limitation de la manière dont peut se comporter le substratum universel ; ce n’est simplement qu’une définition du vide. Nous n’avons pas besoin de considérer la matière comme une entité étrangère, cause de perturbations dans le champ de gravitation ; la perturbation, c’est la matière elle-même. »

Le rôle primordial est donc attribué à l’Espace-Temps, dont les divers états de structure nous apparaissent sous des aspects que nos sens distinguent les uns des autres, et auxquels nous avons donné les noms de vide, rayonnement, matière.

Cette manière de voir est très séduisante par sa logique et sa simplicité.

C’est un retour à l’hypothèse d’un « substratum universel », de l’éther par conséquent, mais combien cet éther est différent de celui des anciennes théories !

On avait admis autrefois que l’espace était rempli d’un milieu qui propageait la lumière par déformations élastiques, comme la matière propage le son. On avait été conduit à attribuer à l’éther des propriétés quasi matérielles. Cependant personne ne réussit à imaginer, avec un tel éther, un modèle mécanique capable de fournir une interprétation satisfaisante des lois du champ électromagnétique. Comme dit Einstein[1], « les lois étaient claires et simples, les interprétations mécaniques lourdes et contradictoires ».

Avec Hertz, la matière apparaît non seulement comme substratum des propriétés mécaniques, mais comme substratum de champs électromagnétiques. Mais les champs électromagnétiques se manifestant aussi dans le vide, l’éther lui aussi apparaît comme substratum de champs électromagnétiques. Il n’y a plus guère de distinction entre la matière et l’éther, doués tous deux à la fois de propriétés mécaniques et de propriétés électromagnétiques.

  1. A. Einstein, L’éther et la théorie de la relativité. Traduction française par Solovine (1921).