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chapitre XVII. — la courbure de l’espace et du temps.

Lorentz réalisa un progrès considérable en « dépouillant l’éther de ses propriétés mécaniques et la matière de ses propriétés électromagnétiques. Non seulement dans l’espace vide, mais aussi à l’intérieur de la matière, l’éther seul est le siège des champs électromagnétiques » (Einstein). Les particules élémentaires qui composent la matière sont seules capables de se mouvoir ; leurs mouvements constituent les courants de convection. Lorentz réussit à représenter toute action électromagnétique par les équations des champs dans le vide, établies par Maxwell, en ajoutant simplement le courant de convection au courant de déplacement (no 38, éq. 21-8).

On peut dire, avec Einstein, que l’immobilité est la seule propriété mécanique que Lorentz ait laissée à l’éther.

La théorie de la relativité restreinte a enlevé à l’éther cette dernière propriété. Si l’éther immobile existe, un système de référence qui lui est lié n’a aucune propriété particulière, ne se distingue en rien d’un autre système en mouvement non accéléré. L’éther n’a donc plus aucune propriété mécanique. L’hypothèse de son existence n’est pas nécessaire, car on peut admettre que les champs électromagnétiques ne représentent pas l’état d’un milieu substantiel, qu’ils sont des réalités irréductibles à quelque chose de plus simple, réalités qui ne sont liées à aucun substratum, de même que les électrons. Comme la matière, en effet, le rayonnement est doué de quantité de mouvement et transporte de l’énergie.

Mais ceci est le point de vue de la relativité restreinte : la relativité généralisée nous montre que, dans la négation absolue de l’existence de l’éther, il y a un danger : celui de faire croire que l’espace vide est dénué de toute propriété physique. Tant que le principe de relativité avait été restreint au mouvement de translation uniforme, on pouvait le penser ; cependant la réalité de l’accélération et de la rotation n’est pas d’accord avec cette conception, et la relativité généralisée établit nettement que l’espace vide de matière n’est pas amorphe. La théorie de la relativité ramène la mécanique et la physique à la géométrie riemannienne, et prouve que l’Univers possède des propriétés métriques en relation avec la matière présente ou la matière avoisinante. Ces propriétés sont précisées, dans chaque système de référence, par les valeurs des